On arrête tout. On fait un silence religieux. Et on écoute.
Le synthé s'installe, l'ambiance se fait douce, planante et nous voilà plongés dans l'intemporalité. Gilmour place un premier solo, et une osmose se crée avec Wright.
Puis un silence. Brisé par quatre notes célestes suspendues aux cordes de la guitare de Gilmour.
Le long solo s'appuie sur le rythme ternaire matérialisé par la batterie tranquille de Mason qui nous berce et nous emmène jusqu'à la voix de Gilmour. Et c'est l'apothéose. Le refrain se fait allégresse, les paroles rendent un vibrant hommage assumé à Syd, apparu dans les studios pendant l'enregistrement de l'album. Shine on, you crazy diamond. Le morceau se termine sur un solo de saxo toute en maîtrise et une guitare annonçant la suite.
Assurément l'un des plus grands chefs d'oeuvres de l'histoire du groupe... si ce n'est le plus grand.
Par la suite les nappes de synthé se font plus oppressantes, froides, mécaniques et des sons aigus, presque stridents surgissent. Welcome to the machine. La voix de Gilmour se fait plus désespérée, plus tiraillée, et on est emporté dans la critique du monde sombre de l'industrie du disque. Sept minutes agréablement plaintives.
Puis viennent les premières notes teintées de blues de Have a cigar. Dans le sillage de Welcome to the machine, ce morceau constitue une critique plus ironique, avec un "riding the gravy train" traînant en longueur. Et Gilmour y laisse le chant à un invité surprise, Roy Harper qui, on doit le dire, fait remarquablement le boulot.
On en arrive à la chanson éponyme, qui compte un nombre incalculable de reprises de par son succès commercial. On peut se laisser aller à de multiples interprétations des très poétiques paroles dans lesquels Gilmour s'adresse à un être disparu pendant que la guitare enchaîne émotionnellement les do, les ré et les sol, rappelant que simplicité signifie beauté. Une sublime balade gilmouresque à n'en pas douter.
Le voyage éthéré se termine sur un autre Shine on you crazy diamond, la boucle est magistralement bouclée et l'atterrissage se déroule comme le décollage, tout en douceur.
Les morceaux s'enchaînent sans fausse note dans un album qui constitue à mes yeux l'apogée du groupe, succédant chronologiquement dignement au mythique Dark side of the Moon.
C'est céleste, c'est divin, c'est Pink Floyd, un "stairway to heaven", un truc qui s'écoute les yeux fermés, le son assez fort mais pas trop.
Assurément la plus grosse claque de ma vie.