Words & Music, May 1965 par XavierChan

Si The Velvet Underground & Nico pouvait être considéré à juste titre comme "proto-tout", anticipant pelletée de mouvements en un disque majeur, ces démos enregistrées un bon moment avant la sortie de l'album à la banane revêtent plus d'une importance historique que musicale. Bien que certaines d'entre elles permettent à l'auditeur fanatique d'entendre, au-delà des influences Dylaniennes évidentes, ce qui fera la sève d'un des albums les plus cultes de l'Histoire, le résultat n'est pas toujours surprenant ; les morceaux ressemblant plus à de jolies incursions folk matinées d'une aura bizarre, voire ahurissante. Ecouter l'embryon Heroin et ses battements qui s'accélèrent à mesure que la descente se fait, est de ces trucs impensables, comme si Dylan à Newport la même année nous racontait ses séances de shoot avec un sens du détail peu commun. Impensable en effet.

Tout un tas de morceaux sont fourrés ici sans que l'on sache trop pourquoi. Men of Good Fortune, qui n'a rien à voir avec le morceau de Berlin (malin le Loulou), Buttercup Song et ses couplets qu'on croirait chantés par des marins bourrés, Walk Alone où ça cabotine en se marrant avec John Cale. Autant de titres qui resteront de simples souvenirs. Là en revanche où le tandem Lou Reed et John Cale fonctionne (bien que ce dernier se loupe très souvent) c'est sur une poignée de classiques. Pale Blue Eyes, ici dans une version pas définitive, permet d'entendre de superbes envolées roots-folk lors des refrains où John Cale, parti après White Light, White Heat, pose ici sa voix, avant que l'harmonica placée au bon moment n'apporte ce juste nécessaire de mélancolie, transfigurée sur le troisième Velvet. I'm Waiting For the Man, pilotée de deux manières différentes, reste le plus fidèle au premier Velvet, ambiance saloon et cow-boys aux bottes pleines de merde : on n'oublie pas qu'en 1965 déjà ça causait beaucoup drogues.