Pour le bien du corps, de l'esprit et de tes enceintes

Bon, cela fait quelques semaines que j'écoute cet album.

Dès le début des années 90's, le dub, venu de Jamaïque, avec les gens qui émigraient vers le Royaume-Uni, a pris une nouvelle dimension, à l'instar de nombreuses autres musiques naissantes ou non.

De son île natale, le dub s'est "anglicisé", et Londres est devenue la capitale mondiale et incontestée du dub: un son plus électronique, synthétique, opérant des allers-retours entre instruments, chant, et machines infernales.

Cette couleur particulière, (a kind of "Brixton" color), a ensuite essaimée dans le monde entier.

J'avais eu la bonne idée de tomber dessus en qualité audio (Flac ou autre du même genre, pas ou peu de compression, c'est une nécessité, surtout pour cette musique) il y a quelques années.

Au début, comme lors de sa sortie, je l'ai écouté d'une oreille discrète, légèrement agacé, je dois dire, par le parti pris ultra synthétique (sonorités de synthés très datées 90's, un peu cheap) et apparemment minimaliste de cette oeuvre.

Mais ... mon écoute à commencé sur mes enceintes de monitoring, et là, les basses prennent toute leur ampleur. Il a su tirer profit de sa (ses) machine(s) pour en tirer des sonorité à la fois très profondes, très lourdes et très rondes.

Bref, je me suis dit ... "pas mal", ce type cuisine bien ses basses.

Évidemment, le réflexe suivant à été de monter le volume progressivement (mais rapidement).

Et là, mais bien sûr, cette musique est faite pour être écoutée sur un sound system de haute qualité, doublé d'une puissance maximale .

Souvenirs, je le savais déjà.

C'est d'autant plus vrai que l'artiste à eu la bonne idée d'ouvrir son petit délire par le morceau où les basses sont les plus présentes.

C'est un avantage des "machines", pouvoir repousser les limites, notamment dans les fréquences.

Le reste découle presque naturellement, et c'est le charme de cet album très homogène (avec des titres plus originaux, tels, "Benjahmen My Son", petite perle mélodique, douce).

Les parties "rythmiques" sont simples, claires, et claquantes à souhait.

Le pied est bien là, mais pas aussi présent que sur certaines productions de dub "stepper", qui virent parfois à une sorte de "techno-dub", qui ne me plait pas trop (même si j'adore une certaine techno, de par ailleurs).

Certains morceaux sont plutôt sur un rythme "breaké" (désolé pour le jargon), alternant kicks et éléments percussifs dans un mouvement de balancier hypnotique.

Aba Shanti I est un bon compositeur, un bon mélodiste, un bon arrangeur, et il fait son taf comme bon cuisinier.

Ce côté très artisanal, non académique, n'est pas pour me déplaire, car j'ai commencé la musique par des années de souffrance sur une flûte à bec ... pour évoluer de manière similaire.

Chaque titre est très "harmonique", très mélodique.

Cela reste du dub, pur et dur, mais ce n'est pas vraiment psychédélique. Il y a certes quelques reverbs et delays ici et là, mais c'est discret (à la différence d'un dub à la Lee Scratch Perry, des années 70, bourré d'effets dans tous les sens).

Il n'en reste pas moins que l'écoute de cet album provoque chez moi plusieurs émotions très agréables, comme une forte envie de bouger, danser, méditer, d'être dans un coin de nature face au soleil levant avec le mur d'enceintes, a quelques dizaines de mètres derrière moi, et peut-être, à la longue, une vague inspiration mystique (les titres des chansons ne mentent pas sur le délire très spirituel du gars) ... c'est du dub !

Cette critique est très personnelle, peut être quelqu'un aura-t-il un avis là dessus.

En tout cas, en ce jour, le 18/06/2022, de cuisson générale, fuyant la douleur bitumineuse, je fuis vers les bords de rivière ombragés, avec cette musique dans les oreilles, rêvassant doucement d'une foule sympathique unie dans la joie et la bonne humeur, autour d'un sound system massif crachant à la face du monde un message de paix ... on peut toujours rêver, car ces occasions sont rares.

J'ai mis en lien Youtube les deux titres que j'ai précité.

La qualité est relative, et si, en plus, on l'écoute à faible volume sur des enceintes d'ordi, bon courage.

- Joseph : https://www.youtube.com/watch?v=Pvt1T0hMQ10

- Benjahmen My Son https://www.youtube.com/watch?v=aNDWKEL68A0

Ce n'est pas un hasard si les vinyles (surtout, car rien ne peut les remplacer ...), de Aba Shanti-I sont désormais côtés d'une manière assez soutenue sur Discogs.com (la Bible).

Je regrette .... d'avoir vendu, entre autres, un vinyle d' Aba Shanti-I acquis lors d'une soirée mémorable, quelques part dans l'Ouest de la France, il y a un paquet d'années.

Des amateurs de bon son, partout dans le monde, n'attendent qu'une chose, choper un vinyle de cet acabit, et le passer à fond, pour le bien du corps et de l'esprit de la Nation.

Irie !

PS: j'ai poursuivi l'écoute dans la voiture, l'enceinte de gauche à fini par lâcher complètement.

Beware, if u love it, check your system !