J’ai pris du temps avant d’écrire cette critique. J’ai réécouté l’album plusieurs fois, ajusté ma note, tenté d’apprécier ce qui pouvait l’être. Mais ma déception reste présente.
Je suis un fan inconditionnel de Nightwish depuis 2004. On m’a souvent reproché de n'écouter que ce groupe, et je l’assume pleinement. C’est par eux que j’ai découvert le metal, un genre souvent caricaturé en France par des voix criardes, alors qu’il existe une immense richesse mélodique et émotionnelle. Bien sûr, avec le temps, j’ai élargi mes horizons musicaux, mais Nightwish a toujours occupé une place à part pour moi. Et au cœur de cette magie, il y a Tuomas Holopainen, mon idole de toujours. Peut-être est-ce pour cela que ma déception est si grande aujourd’hui.
Le départ de Marco Hietala a laissé un vide immense. Cet album manque d’harmonies, de tensions dans les refrains, ce moment où l’on attend une note qui ne viendra jamais, laissant une sensation d’inachevé. Pire encore, il y a des passages qui semblent déconnectés du reste, des éléments placés de manière presque aléatoire, cassant le ressenti et l’immersion. Oui, Nightwish a toujours flirté avec des structures progressives, mais jamais au point de déconstruire son propre ADN.
Où sont les refrains sublimes comme "Last Ride of the Day" et tant d’autres ? Il manque cette essence inconditionnelle qui définissait Nightwish. Trop souvent, l’harmonie tombe dans une sorte de dissonance qui rappelle davantage Auri, le projet parallèle de Tuomas et Troy Donockley. Mais bordel, on n’est pas dans Auri, c’est Nightwish! L’omniprésence de Troy Donockley est étouffante, modifiant l’ambiance même du groupe. Un autre choix discutable de Tuomas a été de ne pas remplacer Marco par une voix masculine aussi puissante et emblématique du métal, se contentant d’un bassiste bon mais sans relief musical.
Oui, l’orchestration est belle. Mais elle ressemble parfois à de l’art abstrait, une toile blanche avec un point au milieu. On nous demande d’y voir un chef-d’œuvre sous prétexte que c’est la vision de l’artiste, alors qu’en réalité, l’intention seule ne suffit pas. Un album de Nightwish doit être un voyage, pas un déchiffrage.
Floor Jansen, quant à elle, est une déesse du chant. Elle est ma chanteuse préférée parmi toutes celles qui ont chanté dans Nightwish. Mais ici, il lui manque un peps naturel, une énergie qu’elle déployait auparavant sans effort. Elle a d’ailleurs admis lors d’une interview (donnée à Metal Hammer publiée par Metal Zone) qu’elle n’avait pas fait preuve d’autant d’investissement dans cet album qu’elle l’aurait voulu. En même temps, elle sort d’une grave maladie et d'une grossesse, Nightwish l’a faite enregistrer beaucoup trop tôt. Oui, elle chante bien, oui on peut saluer cette prestation, mais c’est frustrant de voir cette magnifique chanteuse ne pas arriver à faire tout ce qu’elle fait d’habitude.
C’est le premier album de Nightwish qui me laisse avec une telle difficulté à l’apprécier. Il y en a eu des magnifiques, des excellents, des moyens, des "mouais, franchement ça va"... mais là, non. La seule exception pour moi est "Ocean of Strange Islands", un véritable chef-d’œuvre qui rehausse ma note finale.
Tuomas a oublié les bases du métal dans cet album, notamment ces riffs lourds qui faisaient la force de leurs compositions. Comme le dit le webzine "Aux Portes du Metal", cet album est "mou du genou". Et c’est exactement ça ! Prenons Perfume of Timeless : quand enfin les guitares deviennent lourdes, c’est un chaos sans direction, mal mixé, mal structuré. Ce qui aurait pu être un moment de pur metal, eh bien, c'est finalement assez décevant. On attend juste que ça passe.
Un autre problème majeur : le mixage. La voix de Floor est submergée sous la masse orchestrale, un vrai problème technique. Et surtout, il manque ces crochets mélodiques mémorables qui faisaient de Nightwish un groupe unique. Cette signature indélébile a été estompée dans cet album.
Un dernier reproche : cette communauté de fans, arrivée avec Floor, qui refuse toute critique. Oser dire que cet album n’est pas à la hauteur, c’est s’exposer à une levée de boucliers. Mais non, tout n’est pas bon juste parce que c’est Nightwish ! On doit pouvoir dire qu’un album est raté ou pas à notre goût sans être taxé de hater.
Il faut préciser que cette critique est purement subjective et basée sur mon ressenti. La musique, c'est avant tout une question d'émotions et de feeling, donc chacun peut avoir son propre avis. Ce que j'écris ici n’est évidemment pas une vérité absolue, et j'apprécie aussi d’autres critiques qui, même si elles diffèrent des miennes, apportent des points intéressants. En discutant autour de moi, je suis content de voir que beaucoup de fans, surtout ceux qui suivent le groupe depuis un moment, partagent un ressenti similaire au mien. Au final, c'est ça qui est bien avec la musique : chacun y trouve quelque chose, et ça peut nous faire réagir de manières bien différentes.