I have watched the world die, all I know now is regret.

Depuis ces dernières années, le zombie est à la mode. Que ce soit à la télé, au cinéma, en livre ou en BD, les morts-vivants cartonnent. Il ne manquait plus qu'une chose, voir la théorie de la contamination envahir le monde de la musique et plus précisément du metalcore. C'est The Devil Wears Prada, dont le dernier album était un pur bijou, qui s'est prêté au jeu et qui délivre ici un EP de 5 morceaux. Dissection.

Don't bother screaming, don't bother crying.

Un orage et des cordes ouvrent le CD sur un titre qui a le mérite de faire comprendre que tout va partir à 100 à l'heure : Escape. Et c'est le souffle coupé que j'écris ces mots. Tout le génie habituel du groupe saute aux oreilles lorsqu'on entend les samples très hollywoodiens qui annoncent le désastre : Oh my god, they're everywhere. Que dire également des notes de piano totalement appropriées à l'ambiance macabre. La violence des breaks et l'intensité de la batterie ne laissent aucun moment de répit. Lorsque les sirènes d'alarmes résonnent, on comprend que les mots ne sont pas forcément nécessaires mais accentuent le propos (There's no time). Les paroles sont claires et précises et posent la question de la préparation mentale de l'humain à cette catastrophe.

On pense avoir fait le tour du morceau après que le passage chanté ait rendu le morceau plus doux, c'est sans compter sur le bruit d'un fusil à pompe qui se recharge et le break total qui suit (There's a proportion to be met between escape and defense). Le morceau repart à fond et se conclut sur cette terrible phrase : If your decisions include regret, then it's already too late.

Close your eyes, but nothing changes.

Anatomy prend le pas et le riff de guitare associé à la tronçonneuse qui démarre annonce la suite. On est maintenant au cœur de la maladie et de la façon dont elle se répand (With contamination comes fever: the disease is at its worst). Les breaks n'hésitent pas à faire leur apparition très tôt (You've never seen such grey skin, freezing to the touch). Le refrain chanté arrive cette fois-ci en toute fin pour amener l'intro samplée de Outnumbered.

Retreat is eternally hopeless.

Mon morceau préféré de l'EP, Outnumbered allie tout ce qui fait le talent de TDWP : une intro samplée d'une radio émettant un dernier message, un riff de guitare qui mitraille et tous ces passages groovy agrémentés de notes de piano parfaitement maitrisées. Des lyrics qui mélangent le désespoir de la situation et l'enjeu du morceau (like vultures on the sick, zombies outnumber the living, we are outnumbered). Dans tous les cas, que ce soit les impacts de la double pédale, les samples electro ou la puissance des cris de Mike Hranica, tous s'inscrivent dans la même optique : terrasser l'auditeur. Et c'est réussi. Le sentiment de la fatalité n'a jamais été aussi palpable.

All is lost in the flood of the risen dead.

Avant-dernier morceau : Revive. Et l'espoir de la trouvaille d'un antidote est toujours absent (No remedies have been discovered). Mention spéciale pour le refrain qui reste en tête et qui est parfaitement maitrisé (We cannot restore, we cannot recover, etc.). La fin du morceau s'éteint progressivement pour amener la paix et le calme total. La voix de Jeremy DePoyster est totalement mise en avant et ça fait plaisir ! Les dernières notes de piano également. Mais le sample final est bien plus sombre puisqu'on entend un humain se défendre avec une arme à feu.

I have watched the world die, all I know now is regret.

Survivor pointe son nez pour conclure l'EP. Et alors qu'on aurait pu penser que l'EP aurait fait une sorte de courbe négative vers le positif, il est clair que tout va se finir dans la solitude et le sang (I am one of the last few standing, a survivor on a farm). Dans la peau d'un des derniers survivants humains qui envisagent même le suicide, le morceau se veut lent et plus atmosphérique sur les refrains et laisse cet homme douter et s'interroger sur son avenir. Le break final du morceau (qui fait fera frémir vos enceintes) dévoile le véritable tourment final de cet homme : le fait de ne plus jamais toucher les lèvres de sa femme.

Pour conclure, The Devil Wears Prada livre ici un condensé de leur talent autour d'une histoire « à la mode ». C'est donc un EP à se procurer d'urgence et à faire tourner en boucle. L'ambiance des multiples samples et la violence de leur musique est parfaitement adaptée au sujet !
artificier
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le 20 déc. 2011

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