Personnage oublié de nos jours, Mayday Parker est la fille de Peter Parker et de sa femme Mary Jane dans un futur alternatif nommé « MC2 » (Marvel Comics 2 donc). Devenue Spider-Girl par la force des choses (en l’occurrence la découverte de ses pouvoirs et la menace d’un nouveau Bouffon Vert), elle est un véritable vent de fraîcheur pour les lecteurs, y compris une grosse vingtaine d’années après sa création.
Cherchant à se réinventer à la fin des années 90 après leurs gros problèmes d’argent, Marvel se sort enfin les doigts et se met à chercher de nouveaux concepts afin d’attirer de nouveaux fidèles. Ayant compris que le problème résidait avant tout dans une continuité foutraque et hermétique, les créatifs ont enfin eu plus de latitude pour proposer des concepts neufs ou au moins plus libres. Ainsi, c’est un Tom DeFalco frustré d’avoir dû faire disparaître le bébé de Peter et MJ qui propose ce bond dans le temps de 15 ans. Ce saut narratif permet de créer de nouveaux enjeux, de nouveaux vilains, mais aussi de ramener certains fondamentaux.
En effet, l’aspect qui marque le plus dans « Spider-Girl », c’est la réinvention d’une bonne partie des problématiques de Spider-Man à ses débuts sous un éclairage nouveau. Le fond est le même (jonglage entre vie super-héroïque et vie scolaire, vie familiale compliquée, fil rouge sur fond de crime organisé…) mais il est traité d’une manière totalement différente, rendant le personnage, son entourage et son univers frais, attachants et profondément intrigants. La jeune fille doit faire face au refus catégorique de son père, qui ne veut absolument pas qu’elle vive les mêmes tragédies que lui (et honnêtement, on peut le comprendre). Elle doit aussi gérer le stress de sa mère, profondément marquée par l’époque Spider-Man, ainsi qu’une bonne partie de la communauté super-héroïque qui ne la voit pas d’un bon œil, notamment le mystérieux et charismatique Darkdevil.
C’est donc un récit initialement pour ados, mais qui, de par sa qualité d’écriture, s’adresse à tout le monde. Très accessible, il distille suffisamment de mystère sur les événements des 15 années écoulées sans trop en faire. Je vois régulièrement des critiques sur le charisme des premiers vilains de la jeune héroïne. Ce serait oublier que c’est un récit qui se construit sur la longueur : les personnages vont tous évoluer. C’est d’ailleurs l’un des rares récits de l’époque à proposer un numéro percutant et pertinent avec Venom… c’est devenu si rare.
Voici une série qui, même plus de 20 ans plus tard, n’a rien perdu de sa fraîcheur et permet d’attirer lecteurs fidèles et nouveaux venus vers un récit de la galaxie Spider-Man qualitatif et facile d’accès… ce qui, là aussi, est devenu bien rare.