Le tremplin et l'ampleur

J’ai refermé le tome deux avec la même sensation grisante que le premier, comme si Urasawa continuait de dérouler une pelote dont je n’avais vu qu’un fil jusque-là!

Tout s’enchaîne avec une facilité presque déconcertante, l’histoire garde cette continuité qui donne l’impression de ne jamais sortir de l’univers, et en même temps tout devient plus vaste.

Les nouveaux personnages débarquent sans prévenir, mais ils s’intègrent naturellement, comme s’ils avaient toujours été là, et les révélations tombent juste assez pour relancer le mystère sans le gâcher. J’ai aussi apprécié le petit rappel du début, qui aide vraiment à replonger sans chercher qui est qui, un détail qui change tout quand une série étend autant ses ramifications.

Parce que oui, on sent bien qu'avec la multiplicité des détails, on peut enfin commencer à faire quelques théories. Contrairement au premier tome et y'a beaucoup de points à prendre en compte.

Ce tome est plus nerveux, plus tendu, avec une impression que la menace se rapproche à chaque chapitre. Le dessin reste un plaisir, les visages sont toujours aussi expressifs et l’ambiance urbaine garde cette mélancolie qu’Urasawa maîtrise mieux que personne.

On sent que le thriller prend de l’ampleur et je crois que c'est à partir de là que je commence à accrocher très fort à l'histoire!

Pourtant, j’ai compris pourquoi certains lecteurs marquent légèrement le pas ici. Comme ça avait pu m'arriver à l'époque de ma découverte... Il y a un moment où l’histoire semble s’épaissir plus qu’avancer, comme si Urasawa jouait volontairement avec notre patience. Ce n’est pas véritablement un défaut, mais on peut ressentir une petite perte de percussion, cette impression que le récit se dilate et que l’auteur ajoute des couches plutôt que d’en révéler.

Le côté tentaculaire peut séduire autant qu’il peut fatiguer, selon l’attachement qu’on a déjà pour le puzzle.

Pour ma part, ça fonctionne toujours. Voir, plus, puisque je l'ai dévorer avec plaisir et frénésie!

Je sens que le danger se construit pierre après pierre, que le monde se referme autour des protagonistes, et que l’intrigue n’a pas encore montré la moitié de ce qu’elle prépare. Ce deuxième tome ne cherche pas à faire mieux que le premier, il s’en sert comme d’un tremplin. Et même si tout le monde n’y trouve pas le même rythme, j’ai l’impression d’être embarqué dans quelque chose de plus grand que moi, avec cette excitation discrète qui fait qu’on tourne les pages sans s’en rendre compte.