"Une mer bleue comme une peine de cœur"

A-Force, mini-série sur une idée originale et non une reprise comme la majorité des tie-ins Secret Wars. Enfin, vous me direz, rassembler toutes les héroïnes Marvel il y a plus originale. Autre point intéressant, la mini s'étend sur 5 numéros ce qui lui laisse le temps de se développer. Par ailleurs, il existera une série post Secret Wars donc on peut lire tranquillement l'aventure en sachant que, dans cette galerie de personnages, ceux un peu expédiés ici trouveront leurs développement par la suite.

D'entrée la présentation de l'île d'Arcadia en deux pages est sympathique, avec un discours posé et agréable en voix off tandis que les cases montrant les différentes héroïnes se succèdent. Et rassemblement dans une belle double page avec vue aérienne qui soigne autant les personnages que le décor. Finalement, ce discours de présentation sera aussi le gimmick de la série.

La mini-série souffre un peu d'un faux rythme où on ne sait jamais vraiment quand l'histoire prend son envol. Le premier épisode présente les personnages, le second la ravissante Singularity. L'arrivée des Thors du Battleworld dans le troisième semble lancer l'action (avec le moment de gloire de Medusa) mais encore une fois rien n'est moins sûr. À l'arrivée, lorsque la bataille finale du cinquième épisode éclate enfin, elle n'a rien à voir avec les troubles des quatre premiers.

Tout du long, l'écriture préfère soigner les personnages. Ce parti pris est plutôt réussi. Effectivement, on s'attache aux héroïnes Nico et Singularity, à America malgré sa trop courte participation, et dans une moindre mesure à Dazzler et Miss Hulk.

Tous les événements ne servent qu'à la construction, à l'intégration de Singularity dans l'équipe. Elle arrive telle une enfant tombée du ciel, adoptée par cette vaste famille, et apprend à ses côtés. Outre ses postures d'enfant (lorsqu'elle joue avec le chat, avec les cheveux de Medusa ou cueille une fleur en pleine fuite par exemple), outre son attitude timide et réservée qui alterne avec des débordements affectifs, elle révèle le meilleur de chacun. Au pire moment (début épisode 4), elle indique ce qui la touche chez les membres du groupe, ce qu'elles représente elle le résume en un seul mot. Et c'est très beau...

Cette poésie, cette naïveté des sentiments bruts, on la doit en grande partie au dessin de Molina et à la magnifique coloration de Laura Martin. Les fonds ne sont pas toujours très travaillés mais les personnages rendent bien. On sent toute l'application dans le dessin de Singularity, en combat ou en dialogue, ses poses sont efficaces et tout son corps fait vrai. Ses sourires, ses baisers trop mignons, ses sentiments parfaitement retranscrits par la forme des yeux. Et puis de base le design étoilé me plaît. Et surtout la bataille finale assure, paradoxalement dans une ambiance plus sombre obscure face à l'armée des morts. La double page de leur arrivée est plus que correct d'ailleurs.

En conclusion, A-Force patine parfois dans son scénario mais possède une ambiance féerique fabuleuse et des personnages attachants, portés par un dessin assez beau. La série prendra probablement son envol en post Secret Wars mais il serait dommage de passer à côté de la genèse de Singularity.