A l'ombre des murs
5.4
A l'ombre des murs

BD (divers) de Arnaud Le Roux (2009)

Le récit ne brille pas par la clarté de ses enjeux, d'autant que les personnages prennent plaisir à se dissimuler entre eux leur passé, leur identité, leurs projets. Il s'en dévoile bien sûr quelque peu au fil de la narration, mais on a du mal à comprendre, en fin de compte, pourquoi Jude / Judith est si importante pour le Chambellan conspirateur, alors qu'il ne la présente que comme une voleuse de rue, ce qui est confirmé par Judith. Il fallait bien que la jolie fille se fasse traquer par quelqu'un, sinon ou était l'intérêt ? La haine du lecteur n'a guère le temps de gonfler à l'encontre des "méchants" de l'histoire.

L'intérêt de l'album est ailleurs: dans les couleurs fanées et sépia du dessin, dans la grâce physique des adolescents (qui par ailleurs restent remarquablement peu empressés sur le plan du sexe), dans la simplicité du graphisme (réduit parfois à des semi-crayonnés en deux dimensions), dans l'étrangeté du décor de cette ville anonyme en bric-à-brac, où la première planche suggère des silhouettes de derviches tourneurs, qu'on ne voit guère par la suite (ce sont des soldats), où on peut trouver un dirigeable dans une décharge, où les décors suggèrent plutôt une fin de XIXe siècle, avec parfois des chevalements industriels un peu fantasmatiques, des "Bouches de la Vérité" comme à Rome, des bordels salvateurs; dans les personnages populaires un peu caricaturés; dans le soin assez théâtral apporté au choix des costumes (Judith est longtemps en Petit Chaperon dont on ne saura jamais s'il est rouge ou pas); dans le mystère de ce Mur qui entoure la Cité, et au-delà duquel tout est, paraît-il, rasé.

On s'étonne un peu de la lourdeur avec laquelle les dialogues utilisent un argot périmé. A-t-on voulu évoquer la langue populaire des années 1900 ? Tout cela fait un peu "Mystères de Paris" dans une atmosphère évanescente, où les échanges entre les personnages restent finalement assez légers et ouverts sur le rêve.
khorsabad
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le 15 janv. 2011

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