Akira
8.6
Akira

Manga de Katsuhiro Ôtomo (1982)

Nous n'aurions d'autre choix pour vivre que dans la jungle ou dans le zoo...

Critique rédigée en septembre 2019


Bénéficiant d'une aura exceptionnelle de mangaka fondamental, ressource de nombreuses oeuvres de tout genre de type cyberpunk et uchronique, l'oeuvre de Katsuhiro Ôtomo n'a rien à envier à certains artistes occidentaux tels que Kubrick, K. Dick et Pierre Boulle. Ceci par la particularité que ses mangas / animes soient dotés d'un développement d'une éminente richesse, au point qu'ils sont expérimentés aux petits oignons sans que nul ne puisse saisir la clé de leur succès.


Son projet majeure Akira, source d'infimes théories et d'admirateurs de toute génération remontant à 1982, nous transporte brutalement vers un Tokyo famélique, un 2019 cauchemardesque où déchetteries et groupes de hooligans se chevauchent et sèment le trouble sur la sérénité de la capitale japonaise. Tetsuo, Kanéda et consorts, collégiens, rôdent au cours de la nuit tel le roi des animaux règne dans sa savane. Une nuit, Tetsuo tombe nez-à-nez avec un curieux enfant du nom d'Akira, ce qui sera le déclenchement d'une série d'événements pour le moins mystérieux...
Alors cet Akira, messie ou mensonge ? Réel ou illusoire ?


Qu'est-ce qui fait d'Akira un manga aussi primordial ?
Au même titre que l'incroyable portée métaphysique qui émanait de Gunnm de Yukito Kishiro (je vois déjà ceux qui me connaissent trouver cette comparaison promptue!), cet Akira illustre un sous-genre classique mais intemporel de la science-fiction qu'est l'anticipation, la mise en examen de l'Homme à l'avenir plus qu'incertain. Les conséquences d'une éventuelle Troisième Guerre mondiale, les progrès ordinairement douteux de la science et la jeunesse en perdition dans les rues incertaines de Tokyo, trois thèmes majeurs portés avec brio par des graphismes aux décors des plus somptueux et une palette de personnages rigoureusement présentés.


Concernant l'aspect scientifique, il est servi par le symbolisme autour du personnage d'Akira, perçu comme le cobaye d'une force surpuissante et surhumaine lui permettant de se forger un statut d'agneau de dieu.


Quant à la peinture de la jeunesse, c'est criant de justesse et vigoureusement représenté par des objets rentrés dans la culture internationale, tels que la longue moto et le gilet rouges à la propriété des protagonistes. Nous sommes loin de la violence dénoncée par Kubrick dans son Orange mécanique (...) mais nous nous y rapprochons dès lors qu'ils ont présenté comme témoins (et non pas comme sources) de chaos remettant en question une société annihilant ses biens conférés.


L'adaptation animée réalisée par Ôtomo himself, sans égaler son modèle, est dynamisée par une bande originale aux sonorités sauvages aidant le spectateur à planer dans l'action.


La longueur de certains chapitres n'altère en rien la force d'un récit plus actuel que jamais, et autant inadapté à une décennie accoutumée aux concepts à l'originalité caduque (ce qui ne l'a pas empêchée d'être témoin de récits au traitement incroyable, attention je ne suis pas en train de décrier les eighties!). Akira est un manga à l'intrigue tout bonnement indescriptible,...


Tel ce que je considère comme étant la déchéance de Tetsuo se concluant lors du chapitre Feux !


...prenant une nouvelle dimension à chaque relecture.
Un manga qui se lit autant qu'il se vit, véritable procès verbal de la guerre qui parvient à prendre le contre-pied des codes de la bienséance avec son univers et son propos complexe. Quitte à y rester indifférent, l'expérience est non seulement plaisante, mais en plus très innovante.

Créée

le 18 déc. 2020

Critique lue 95 fois

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