Après un premier épisode tout à fait convainquant, je m'attendais à du bon pour ce second tome... et j'ai réalisé que j'étais en-dessous de la vérité. Je verrai bien pour la suite, mais il apparait déjà fortement que les auteurs se bonifient avec une force tranquille.
Blacksad, le privé félin, est engagé pour enquêter sur la disparition d'une petite fille... dans le quartier surnommé The Line, où la fracture entre les riches et les pauvres est fortement palpable, et se manifeste particulièrement à travers les problèmes "raciaux"... alors que la violence des gangs est palpable, la partie blanche immaculée de la population reproche aux animaux de couleur d'avoir amené la perte au quartier. Le parti Arctic-Nation, tout particulièrement, appelle à une véritable épuration ethnique... Dans un tel contexte, la disparition d'une jeune enfant colorée pourrait très bien avoir une connotation politique...
Outre les fabuleux dessins, le récit est très prenant, multipliant les références très documentées à la ségrégation raciale sous toutes ses formes, et les clins d'oeil au cinéma du genre sont légion. L'alchimie entre les deux auteurs semble totale, tant la narration tire admirablement parti de son support. Chaque case est minutieusement composée, cadrée, colorée, pour un résultat bien souvent franchement marquant. C'est sans doute cela qui m'a le plus marqué : Blacksad fait parti de ces bandes dessinées, et de ces oeuvres en général, qui ne laissent absolument rien au hasard.
S'il me restait encore des réserves après le premier tome, je suis désormais totalement gagné par cette série. C'est de la très grande qualité.