Les Avengers de Roger Stern face à Terminus et aux Skrulls

Ce tome contient les épisodes 255 à 261 de la série "Avengers", initialement parus en 1985, ainsi que les numéros annuels 14 d'Avengers et 19 de "Fantastic Four". Les scénarios sont de Roger Stern, sauf celui de l'annuel des FF écrit par John Byrne. Les esquisses de planches sont réalisées par John Buscema, avec des finitions (dessins détaillés + encrage) de Tom Palmer, à l'exception des 2 annuels. Celui des Avengers est esquissé par John Byrne avec des finitions de Kyle Baker, celui des FF est dessiné par Byrne avec un encrage de Joe Sinnott. Ce tome fait suite à Absolute Vision, book 2 qui contient les épisodes 242 à 254, ainsi que l'annuel 13. Roger Stern a été le scénariste de la série Avengers du numéro 227 au numéro 288 (sauf l'épisode 280).


Durant ces épisodes, l'équipe se compose essentiellement de Captain America (Steve Rogers), Captain Marvel (Monica Rambeau), Starfox (Eros), Hercules, Black Knight (Dane Whitman), Wasp (Janet van Dyne), avec l'apparition de Ka-zar, Shanna, et Firelord.


Épisode 255 - Vision doit assumer les conséquences de ses actes dans le tome passé, Janet van Dyne revient au manoir des Avengers, et Monica Rambeau effectue une mission de contrôle dans Sanctuary II, l'ancien vaisseau spatial de Thanos (voir Avengers vs. Thanos ou Warlock). Épisodes 256 & 257 - Les Avengers effectuent une mission en Terre Sauvage (Savage Land) pour mettre fin aux destructions d'un ennemi des Fantastic Four.


Épisodes 258 à 260 + annuels 14 & 19 (FF) - Les Avengers se lancent dans l'espace pour secourir Captain Marvel qui a réussi à envoyer un message de détresse depuis Sanctuary II. Non seulement, ils doivent contrecarrer les plans de Nebula pour utiliser l'héritage de Thanos, mais en plus ils se retrouvent au milieu d'une conspiration skrull pour rétablir leur empire, après la destruction de leur planète capitale. Épisode 261 - De retour sur Terre, les Avengers se retrouvent face aux nouvelles lubies du Beyonder (voir Secret wars II).


Cela faisait donc maintenant 2 ans que Roger Stern écrivait les aventures des Avengers, et il avait trouvé son rythme de croisière : des aventures grands spectacles à la dimension de cette équipe puissante, quelques courtes scènes relatives à la vie des personnages secondaires, quelques tracas administratifs avec leur superviseur gouvernemental, quelques superhéros en invités. Le premier épisode permet de faire la transition entre la prise de pouvoir de Vision, et les aventures suivantes, apportant ainsi une coda. Les 2 épisodes suivants sont l'occasion d'effectuer de gros dégâts en Terre Sauvage, puis c'est parti pour une aventure plus conséquente mêlant 2 fils narratifs (Nebula et les skrulls).


Côté grand spectacle, le lecteur est servi puisqu'il voyage en Terre Sauvage (avec moult destructions massives, tellement que le lecteur finit par se douter que leur pérennité est peu probable), ainsi que dans l'espace, avec des intrigues de palais à la clef, plutôt bien ficelées, révélant plusieurs couches de complots. Stern se montre adroit dans la manière dont il utilise l'héritage des histoires de Jim Starlin (le créateur de Thanos), introduisant un personnage (Nebula) qui utilise lui-même l'héritage de Thanos. Il ne faut quand même pas être trop regardant, certaines péripéties résistant mal à un examen logique. Comment les sbires de Nebula réussissent-ils à aborder Sanctuary II facilement, alors que ce fut si difficile pour Captain Marvel ? Quelle est l'étendue réelle des pouvoirs de cette dernière (il semble qu'elle en découvre de nouvelles utilisations en fonction des besoins du scénario) ?


Concernant la vie des personnages, Stern s'attache plus aux personnages secondaires qu'à Captain America, par la force des choses puisque ce dernier dispose de sa propre série mensuelle. Par exemple, Stern joue avec un trait de caractère principal pour Monica Rambeau et Dane Whitman. Il ne s'agit pas de les développer réellement, juste de leur donner une personnalité superficielle : Monica Rambeau est la petit nouvelle qui souhaite bien faire, Whitman est de retour après des années d'absence et il constate à quel point les choses ont évolué chez les Avengers. C'est d'ailleurs la limite de cette composante, Whitman servant au scénariste à montrer à quel point les choses ont changé, dans tous les épisodes sans exception, ce qui finit par faire ressortir cet artifice narratif pour ce qu'il est (à savoir un artifice).


Les superhéros apparaissant le temps d'un épisode ou deux ne sont là qu'en temps que figurant, Ka-zar finissant même par faire tapisserie dans la Terre Sauvage, un comble d'inutilité alors qu'il s'agit de son territoire. Firelord (ex-héraut de Galactus) n'est pas mieux loti.


Globalement ces aventures se lisent sans déplaisir, comme un exemple des comics de l'époque, le travail d'un bon artisan réalisant un produit industriel à un rythme mensuel avec une bonne sensibilité vis-à-vis des propriétés intellectuelles qui lui sont confiées par les responsables éditoriaux.


Côtés dessins, John Buscema est donc responsable de la mise en page, au travers d'esquisses rapides. Il réalise des découpages d'une clarté sans faille et sans esbroufe, racontant l'histoire avec entrain, sans se reposer uniquement sur des cases démonstratives en mettant plein la vue du lecteur. Il y a un vrai savoir-faire narratif, avec un sens du rythme qui tient la main du lecteur dans chaque page pour une lecture fluide, sans heurts et rapide. Le lecteur pourra trouver ces dessins datés, ou apprécier les compétences professionnelles de John Buscema qui a permis de raffiner l'identité visuelle des comics Marvel après le départ de Jack Kirby et Steve Ditko, en faisant évoluer les bases créées par ces 2 derniers.


Tom Palmer a été l'encreur sur la série Avengers de 1985 à 1996. Il dispose du temps nécessaire pour compléter les dessins de John Buscema et les embellir. En particulier, il peaufine avec soin tous les êtres humains ordinaires esquissés par Buscema. Par comparaison avec des comics plus récents, c'est une bouffée d'air frais de découvrir ces épisodes dans lesquels les humains normaux ont leur place, avec des morphologies diverses et variées. Palmer soigne chaque dessin pour y figurer des textures différentes, pour conférer de la substance aux décors. L'association de Buscema et Palmer n'aboutit pas à des pages mémorables ou qui frappent l'imagination, mais à une narration claire et efficace qui montre que ces superhéros sont à la base des êtres humains.


Par la force des choses, le lecteur compare les 2 épisodes dessinés par John Byrne, à ceux de Buscema et Palmer. Le nombre de cases diminue d'une ou deux par page. Les dessins sont plus raffinés, avec moins de traits. L'annuel des FF est encré par Joe Sinnott, un encreur historique de Marvel, Byrne souhaitant rendre hommage aux FF de Kirby et de John Buscema. Sinnott arrondit les dessins de Byrne avec un trait plus gras et plus infantile. Le résultat fonctionne bien le temps de l'introduction (9 pages) avec des dessins raffinés au point d'en devenir iconiques. Puis l'association de ces 2 artistes perd en crédibilité avec des expressions de visages trop caricaturales et grossières. L'association de Byrne avec Kyle Baker semble a priori contre nature (voire le travail de Baker sur le Shadow par exemple : Shadow, master series volume 2). Contre toute attente, Kyle Baker joue le jeu des dessins de comics de superhéros, et insuffle une personnalité inattendue à chaque personnage, avec des expressions nuancées, parfois goguenardes ce qui convient très bien au sosie d'Humphrey Bogart.


Au final, la découverte de ces aventures constitue une lecture facile et divertissante, donnant un aperçu des comics de l'époque, et une tranche d'histoire des Avengers. L'histoire n'est pas inoubliable, les personnages sont superficiels, mais la mécanique des intrigues fonctionne encore et permet de voir des superhéros secondaires passant régulièrement par des passages à vide (Captain Marvel, Eros, Black Knight, Firelord).

Presence
6
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le 23 nov. 2019

Critique lue 41 fois

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