Ayashi no Ceres... Dès les premières pages, ce fut avec effroi que je m'aventurais dans le manga. Yuu Watase étant une figure assez importante du Shojo, je me suis tout de même forcé à continuer, espérant secrètement que la suite me donnerait tort. Ce ne fut pas le cas.


Ayashi no Ceres nous raconte l'histoire d'Aya une lycéenne comme les autres jusqu'au jour de ses 16 ans où elle échappe à la mort en flottant légèrement dans les airs. C'est le début d'une série de révélations qui vont changer sa vie et son destin à tout jamais.


Je tiens à préciser que je ne suis pas du tout hermétique au Shojo en général. C'est d'ailleurs un genre que j'affectionne particulièrement pour la psychologie et les relations qui y sont bien traitées. Alors certes, on est dans du Shojo Fantastique, un peu différent du triangle amoureux du lycée, je me baserai pour mes comparaisons, donc sur un qui est sorti à la même période et que j'ai adoré : Fruits Basket.


Commençons par les points positifs de l'œuvre : l'intrigue générale est plutôt bonne, recherchée et les derniers tomes nous donnent vraiment le sentiment de conclure toutes les pistes qui ont été ouvertes. Certains personnages sont plutôt réussis dans leur traitement et le dessin bien que basique, fait le travail. Voilà pour le peu de qualité que j'ai pu trouver à cette œuvre.


Le plus gros point noir de l'œuvre se résume selon moi à un seul personnage et à ce qui en découle : Toya. C'est bien simple, Toya n'est pas un personnage, durant presque la totalité de l'œuvre, il n'a aucune caractéristique particulière, aucun trait de caractère identifié. Toya est une fonction, c'est le bel homme ténébreux, amnésique, "trop dangereux pour être avec toi" et sauveur de ses dames. Il est tout simplement impossible de s'identifier ou de ressentir de l'empathie pour lui. De plus, sa personnalité est soumise à certains changements en fonction du scénario. Il rechigne à tuer dans le tome 1 et laisse ses ennemis assommer ? Dans le tome 5, il tue sans remords (alors que le personnage aurait dû s'humaniser au contact de sa douce) . C'est triste à dire, mais même les shonens se servent mieux du beau ténébreux que ne le fait Ayashi no Ceres.


Mais après tout, avoir un personnage fonction, ce n'est pas gênant en soi, il en faut. Le problème, c'est qu'Aya tombe amoureuse de lui dès les premières pages du tome 1 sans que ces deux personnages n'aient jamais échangé plus de 5 lignes de dialogue. Et même dans les cinq tomes suivants, leur relation va s'approfondir alors qu'ils n'ont pas échangé plus de mots autre que ceux du lexique romantique. Aya tombe donc amoureuse d'un homme dont elle ne connaît rien, qui travaille pour une organisation criminelle qui n'hésite pas à tuer des innocents, tout ça parce qu'il l'a embrassé dans un moment de panique. Le plus triste, c'est qu'on essaye de te vendre cette relation comme un modèle, les Roméo-Juliette du manga, ceux que tout oppose, mais que le destin rassemble alors que leur relation ne repose sur strictement rien. Je serais incapable de dire ce que Toya aime chez Aya et ce qu'Aya aime chez Toya hormis leur physique respectif tant leur dialogue ne permet pas de le définir.


Un autre souci qui découle de cela, c'est que le soi-disant triangle amoureux qu'on essaye de mettre en place dès le tome 1 également ne devient qu'une succession de moments gênant et ennuyeux, car on sait très bien quand on a lu un shojo dans sa vie avec qui Aya finira. Et c'est bien ce qui pèse le plus sur le manga, cette romance niaise, un peu molle et complètement factice occupe bien les 70 % du manga. On a le droit a des pages et des pages d'introspection de Toya, d'Aya au sujet de leur relation pour bien montrer qu'ils s'aiment. Et de tout ça découle un autre problème, c'est que même si le manga comporte des moments impactant, ils sont souvent suivis d'une page d'introspection sur le dit moment marquant et de 10 pages sur les sentiments d'Aya, de Toya etc. La mort d'un personnage ou d'une dizaine de personnes à moins d'impact que la vie sentimentale de nos deux tourtereaux.


Parlons d'ailleurs des personnages secondaires qui sont inexistants, ceux qui apparaissent le temps d'une aventure dans la digne lignée d'un épisode de pokémon, ou les personnages secondaires récurrents qui ont au grand maximum deux traits de personnalités qui se battent en duel et environ droit à une apparition utile et marquée 1 fois, toutes les 100 pages. Aucun d'entre eux ne sera développé ou n'aura le droit à une histoire qui le met en lumière. (À la différence de Fruits Basket qui mettait un point d'honneur à raconter l'histoire de chacun des membres de la famille.)


En dernier point, j'aborderais la narration, car même si l'intrigue est intéressante, les éléments sont distillés encore moins rapidement que dans Détective Conan (on a grosso modo 8 tomes où il ne se passe strictement rien) et les derniers tomes qui se décident à conclure l'histoire (Et à rajouter des motivations complètement sorties de nulle part aux méchants (certains sont d'ailleurs nommés uniquement dans le dernier tome) Et des morts à tout-va pour rendre le tout plus dramatique). Le manga aurait pu tenir en moitié moins de volume et je pense que cela pour le mieux, on aurait évité l'indigestion de Toya-Aya, le non-développement des personnages secondaires n'aurait pas été un problème, car on les aurait suivis pendant moins longtemps, le rythme aurait été bien plus plaisant. Honnêtement, j'ai pris du plaisir dans la lecture des deux derniers tomes, mais ça ne me permet pas d'oublier le calvaire qu'a été la quasi-totalité de la série.


J'aurais voulu aimer Ayashi no Cerès et peut-être que si je l'avais lu dans l'émoi de mes 13 ans, ce manga aurait pu me parler. Toutefois, grâce à lui, j'ai pu me rendre compte pourquoi j'avais adoré Fruits Basket, car ce dernier réussit partout, là où Ayashi no Cerès échoue.

IronBastard
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le 20 nov. 2019

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IronBastard

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