Berserk
8.5
Berserk

Manga de Kentarō Miura (1989)

Alors que j'ai entamé une relecture de cette saga après plusieurs années, je me dis qu'en fait je dois bien aimer ça. Je dois aimer me faire du mal. Je dois aimer me perdre dans ce dessin noir et chargé. Je dois aimer rigoler, grincer les dents et vouloir m'éclater la tête contre un mur en l'espace de quelques pages.


Revenons un peu en arrière.


Berserk quand j'étais petit, c'était ce manga à la fnac qui était rangé sur l'étagère du haut et qui était enrobé de plastique pour éviter que l'oeil curieux se perde dans ses abysses. J'ai commencé par des séries beaucoup plus sympathiques et joyeuses, des shonens tout ce qu'il y a de plus classique (Kenshin, Naruto, One Piece et compagnie) puis vers Hellsing, Full Metal Alchemist. Je sais plus qui est l'aimable fou parmi mes connaissances qui m'a mis mes premiers Berserk dans les mains mais si je le retrouve on aura des choses à se dire et il pourra participer au financement de mes séances de psy.


Quand tu ouvres le premier tome de Berserk, tu es plongé directement dans des forêts torturées avec un colosse à l'armure noire qui refuse toute aide et semble prêt à tous les sacrifices. Il lui manque un bras mais brandit une claymore de la taille d'un cheval, il balaye les hommes qui se posent sur son chemin comme des fétus de paille. Il est animé par une rage, par une haine, par une détermination à nulle autre pareille. Autour de ce colosse un univers crade, puant, sanglant, sombre et des humains pétries par la peur qui ne valent pas vraiment mieux.


Cet homme se nomme Guts, c'est notre personnage principal. Et tout cela devient encore plus interessant quand le manga entame un retour en arrière de plusieurs années pour nous expliquer d'où il vient. Un gamin qui naît d'une pendue, élevée par des mercenaires, sa mère adoptive meurt de la peste, son père adoptif devient un ivrogne abusif. Jeté sur les champs de bataille, il est comme un chiot élevé dans la boue et le sang mais cherche toujours un peu d'amour familial que personne ne peut lui prodiguer.


L'impossible se produit, il survit à cette enfance merdique et douloureuse, il devient lui-même un mercenaire, un solitaire pragmatique. Premier rayon de soleil de toute cette histoire quand il tombe sur une bande de mercenaires talentueux, la troupe du faucon. Elle est remplie de personnages sympathiques auxquels on se lie mais surtout elle est dirigée par un personnage important et charismatique, Griffith.


Pour imaginer Griffith il suffit de se représenter un elfe gracile aux long cheveux blancs, au sourire doux mais aux yeux de fer, un escrimeur redoutable doublé d'un stratège hors pair. Tout le monde l'adore et le chérit.


Et donc Guts évolue avec cette troupe, renoue un tant soit peu avec le genre humain, se dévoue pour essayer d'aider Griffith et ses amis à réaliser leurs rêves, ce con réussit même à tomber amoureux.


Puis tout s'écroule. La troupe du faucon est anéantie.


Berserk devient donc une quête sans fin de vengeance. Une vengeance contre des créatures aussi maléfiques, détestables qu'elles sont désagréables à regarder. Des êtres intelligibles, presque intuables qui jouissent de la violence, de la terreur qu'ils provoquent, du viol et du meurtre.


On va pas s'aventurer plus loin dans l'intrigue, d'une part car je n'ai pas encore tout relu, d'autre part car il serait dommage de vous en révéler d'avantage.


On parle généralement de Dark Fantasy quand on parle de Berserk, on parle beaucoup de sa violence, du fait qu'il y ait du cul, on parle des adaptations plus ou moins réussies.


Mais en fait ce qu'il faut plutôt retenir c'est l'état dans lequel ça me laisse. Je repose un tome, j'ai plus envie de manger, j'ai envie de pleurer mais j'y arrive pas. L'adrénaline court dans mes veines, j'ai envie de sortir de chez moi et de courir un peu. J'ai envie de rédiger cette critique pour déverser un peu de ce trop plein d'émotions. Je me suis pris une grosse mandale, une fois de plus, et j'ai l'impression de sentir le goût du sang au fond de ma bouche. Je suis pris par la fièvre noir de la lecture de cette histoire qui ne pardonne pas. Et comme je ne suis pas d'humeur altruiste, je vous souhaite cette même exaltation quand vous ouvrirez vous aussi cette épopée pour la première fois.

Cmd
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le 8 mars 2019

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