Betty Blues
7.5
Betty Blues

BD franco-belge de Renaud Dillies (2003)

Rice le canard est un trompettiste de talent qui écume chaque soir les bars du Westwood. Fou de jazz, il est aussi fou amoureux de sa petite amie, la jolie Betty. Alors le jour où cette dernière le quitte pour un gros chat roi de la finance, Rice noie son bourdon dans l'alcool, jette sa trompette du haut d'un pont et décide de prendre le premier train. Atterrissant dans une scierie où il rencontre un hibou terroriste qui lui redonne foi en la musique, Rice pense s'être remis sur les rails. Betty quant à elle, comprendra trop tard que l'argent ne fait pas le bonheur...
Huit ans avant l'excellent Abélard, Renaud Dilliès imaginait déjà une histoire mettant en scène un canard. Les points communs entre les deux œuvres existent. le canard et son chapeau, bien sûr, mais aussi, la cruauté de certains fieffés salopards, la fin, tragique, qui attend les deux personnages principaux, ainsi que la rencontre d'un ami qui représente un véritable soutien dans les moments les plus difficiles. Mais à mon avis les différences sont plus marquées. D'abord, Rice n'a pas la naïveté d'Abélard. Ce n'est pas un perdreau de l'année ! Ensuite, et c'est là le plus important à mes yeux, Betty Blues est une vraie histoire d'amour, contrairement à Abélard qui tient davantage du récit d'initiation. Une histoire d'amour qui, comme une évidence, va mal finir. La place tenue par Betty est d'ailleurs très importante. Son personnage de papillon de nuit attirée par les lumières de l'argent et les vapeurs de champagne se révèle touchant et très humain.
Niveau dessin, le trait de Dilliès est ici plus tortueux, peut-être un peu moins abouti, ce qui n'est pas pour me déplaire. L'utilisation systématique du gaufrier de six cases par planches est ultra répétitive et souligne quelques faiblesses en terme de découpage et de mise en scène mais cela ne nuit aucunement à la lisibilité. Un mot sur les couleurs d'Anne-Claire Jouvray, souvent en clair-obscur, qui collent parfaitement à l'ambiance mélancolique qui traverse l'album.
Un roman graphique tout en finesse sur un sujet qui, si il n'a rien d'original et se décline depuis la nuit des temps, garde ici un charme et une petite musique inimitables. Une incontestable réussite !


jerome60
8
Écrit par

Créée

le 9 mars 2012

Critique lue 385 fois

3 j'aime

1 commentaire

jerome60

Écrit par

Critique lue 385 fois

3
1

D'autres avis sur Betty Blues

Betty Blues
belzaran
9

Critique de Betty Blues par belzaran

J'avais découvert Renaud Dillies avec « Bulles et Nacelles ». Bien décidé à en découvrir d'avantage, je me suis procuré « Betty Blues », de six ans son aîné. Comme son nom l'indique, la musique et...

le 12 juil. 2011

3 j'aime

Betty Blues
JuliaCouplan
9

Critique de Betty Blues par Julia Couplan

Alors parlons de Betty Blues. Nous retrouvons, comme dans Abélard, un monde peuplé d’animaux, le personnage principal est encore un volatile qui part à la conquête du monde suite à une histoire...

le 26 sept. 2014

1 j'aime

1

Betty Blues
DamBDfan
9

Critique: Betty Blues

Une BD vraiment sympathique dont j'ai beaucoup apprécié la lecture. On est transporté dès les premières planches grâce à une atmosphère très jazzy et mélancolique qui se dégage du bouquin. Le...

le 19 juin 2014

1 j'aime

1

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1