Biomega
7.1
Biomega

Manga de Tsutomu Nihei (2004)

Dès les premières pages de ce manga, il est un fait qui saute aux yeux. Ce Biomega est assurément un manga à part, avec une très forte identité. Celle-ci provient essentiellement du trait très particulier, de la narration et de l'atmosphère.

La narration est assez originale. En effet, le mangaka, après une introduction très brève, nous plonge dans le bain directement. Sauf qu'on y plonge sans rien connaitre. On n'a aucune connaissance sur le personnage que l'on suit, sa mission, le monde et aucune explication sur ce que sont ces zombies.

Mais petit à petit, des éléments sont expliqués permettant de mieux comprendre le tout. Ainsi Zoichi nous est un peu plus présenté, ainsi que sa mission. Plus tard on apprend aussi pourquoi cette île est comme ça et comment est le monde; mais de façon incomplète. Tsutomu Nihei est donc très avare en informations. Elles sont distillées au compte-goutte et sont souvent incomplètes. Le mangaka a un rapport à la compréhension de son univers particulier. Cela est assez déroutant au début, parce qu'on ne saisit pas trop bien ce à quoi on assiste, mais le fait de découvrir petit à petit les éléments est très plaisant. L'auteur maîtrise bien ces informations, au point qu'on a jamais l'impression de rien comprendre. Il parvient à maintenir ce qu'il faut d'incertitudes et de mystères.
Même à la fin du tome, on ne sait que peu de choses sur le personnage principale, sur les différents organismes, sur l'univers... mais, en même temps, assez pour donner envie de suivre l'aventure.

La narration est également très dynamique. Il y a très peu de textes, donc se sont surtout des cases qui font la part belle à l'action. Le découpage, la mise en scène renforce vraiment cette impression. Ca dezingue dans tous les sens, les zombies et les agents de la Santé Publique volent dans tous les sens. C'est violent et cru mais jouissif.

L'atmosphère est comme toute oeuvre post-apocalyptique qui se respecte, sombre, violente et un peu malsaine. Le tout est renforcé par l'organisation de cette île et son architecture assez effrayante. Il se dégage vraiment quelque chose de ces pages. C'est indescriptible mais on le ressent fortement.

Le trait de Nihei est très reconnaissable aussi et surtout spécial. Soit on aime soit on déteste. Son dessin est très difficilement définissable. Je crois que, ce qui pourrait le mieux le caractériser est « brut ». Le trait est brut. On a cette impression qu'on voit une case telle qu'il l'a dessiné au début, comme si elle n'avait pas été « nettoyée », encrée et tramée. C'est du brut de décoffrage, avec beaucoup de trait de hachure, donnant une impression de « fouillis » et sans finitions. Le tout est également très sombre.
planche-biomega

Un trait vraiment particulier

Personnellement, je n'aime pas trop le dessin, justement parce que ça manque de netteté. Mais en même temps, ça correspond bien à ce manga. Le trait colle au sujet et à l'atmosphère et fait partie intégrante de ce qui se dégage de ce Biomega. En tout cas, attendez-vous à être surpris.

L'histoire quand à elle est difficilement jugeable, du fait du manque d'informations. Mais pour l'instant c'est une classique survie et course poursuite. La fin du tome nous laisse présager que ce ne sera pas forcément le cas par la suite. On sent une trame se développer.

Les personnages sont très peu nombreux. On suit donc Zoichi et Fuyu, l'IA de la moto, et on sait très peu de choses sur eux. On croise aussi très rapidement une fille immunisée et Kozlov l'ours. Il y aura bien quelques méchants mais ils parlent très peu. En terme de personnages, il y a pas grand chose à se mettre sous la dent.

Pour conclure, c'est un manga qu'on aime ou que l'on déteste. Il est perturbant mais assez bien fichu. C'est ça qui fait que c'est captivant. Personnellement j'ai pas mal accroché à l'ambiance, mais, je ne cesse de le répéter, c'est très particulier.

Mais si on accroche, c'est vraiment un très bon seinen. A voir ce que ça donnera par la suite.
Kameyoko
6
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le 13 déc. 2010

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Kameyoko

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