Très bon. Mais pas mon Brüno préféré...

Tyler Cross est un tueur qui se trouve impliqué dans une histoire de vol d'héroïne, puis qui atterrit dans un petit patelin de l'Arizona, Black Rock sous la coupe d'un gros salaud. Ambiance glauque de petits blancs, avec cruauté physique et mentale, injustices à la pelle, tensions vis-à-vis de l'étranger qu'est Tyler, explosions à la dynamite, rednecks dégénérés. La conclusion se passe sur le Rio Grande, évidemment.

On retrouve la patte graphique de Brüno à son meilleur, avec ces applâts de noir minimalistes alliés à des filtres de couleur très classes, qui rappellent un peu Mignola. Le lecteur avance en terrain connu, et les références au cinéma des années 1950 sont légion : le pseudonyme choisi par Stella est Hathaway, à savoir un des maîtres de la violence à Hollywood ; la ville de Black Rock porte le même nom que celle d'"Un homme est passé", film avec lequel on retrouve de nombreuses résonances.

Mais si la forme est irréprochable, avec même des vignettes qui se font écho d'une double-page à une autre, des motifs qui reviennent, je trouve que la BD mise trop sur la surenchère de violence pour se démarquer des canons dans lesquels elle ne cesse de s'inscrire. Violence pas seulement physique, mais perverse, qui me rappelle certains romans de Jim Thompson. J'aime bien cet univers, entendons-nous bien, mais ce n'est pas là que se trouve l'originalité de Brüno, à mon sens. Je suis d'ailleurs frappé par la violence et la sexualisation croissante qui parcourt son oeuvre : le personnage de Stella relève avant tout de l'objet sexuel.

Pourquoi ?