Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. - Antoine Lavoisier

Ce tome contient les 6 épisodes de la minisérie, ainsi que le prologue de 4 pages extrait de "Fear itself" 7, initialement parus en 2012. Le scénario est de Matt Fraction, Cullen Bunn et Chris Yost, ce dernier s'étant chargé des dialogues. Les dessins ont été réalisés par Scot Eaton, et encrés par Andrew Hennesy. La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts, aidé par Antonio Fabella pour l'épisode 6.


Quelque part dans une base secrète, Viktor Uvarov (Orion, personnage en provenance de Secret Warriors) a récupéré des informations confidentielles concernant le soldat Marcus Johnson. Ce dernier est en mission en Afghanistan, combattant pour la liberté pour le compte des États-Unis, aux côtés de son pote surnommé Cheese. Après un affrontement éprouvant, il apprend que sa mère est décédée, tuée par balle pendant les événements de Fear Itself. Il rentre au pays pour assister à l'enterrement. Après la cérémonie, il se rend dans la maison de sa mère où il est victime d'une tentative musclée d'enlèvement, réalisée par des hommes de main armés, menés par Taskmaster. Il ne doit son salut qu'à l'intervention de Captain America. Marcus Johnson va ensuite échapper au programme de protection du SHIELD pour essayer d'identifier et de retrouver les assassins de sa mère.


En 2012, l'éditeur Marvel entretient un suspense autour de l'importance réelle d'un nouveau personnage (humain normal) sorti de nulle part : Marcus Johnson.


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Sans divulgation de l'intrigue



Pour révéler l'importance de Marcus Johnson dans l'univers partagé Marvel, les responsables éditoriaux de Marvel ont choisi un comité de 3 scénaristes pour bâtir l'intrigue, annonçant clairement qu'il s'agit d'une histoire de commande, un artifice destiné à placer un personnage, pour des raisons purement éditoriales à visée commerciale. Malgré cette construction très industrielle, Fraction, Bunn et Yost narrent des aventures bien conçues. Marcus Johnson est un soldat à la carrure et à la musculature impressionnante, mais classique pour un comics de superhéros. Son métier de soldat lui assure les compétences nécessaires pour survivre aux différentes attaques dont il va faire l'objet. Sa résistance physique étonnante est un indice de la révélation à venir. Sa camaraderie avec "Cheese" est née sur les champs de bataille dans des situations de vie et de mort, ce qui explique la force du lien qui les unit.


Les scénaristes ont imaginé un point de départ fort : le meurtre commandité de la mère du héros. Marcus Johnson va plonger progressivement dans le monde des superhéros et de l'espionnage à la façon Marvel. À ce titre, sa première rencontre avec Captain America montre habilement les réactions de Johnson, d'abord abasourdi d'être défendu par cette légende vivante, puis très impressionné par le courage et les qualités de combattant de ce vétéran, puis se vantant auprès de Cheese d'avoir été secouru par cette idole. Fraction, Bunn et Yost piochent dans le riche univers partagé Marvel pour mettre en scène une batterie de mercenaires connus pour leur intéressement pécunier, de Taskmaster à la Société des Serpents (Serpent Society), en passant par l'inévitable Deadpool. Du fait de l'immersion progressive, l'apparition de ces différents personnages arrivent naturellement, justifiant au fur et à mesure l'importance de Johnson dans l'univers partagé Marvel. Les scènes d'action sont rapides et spectaculaires. La caractérisation des personnages reste superficielle comme dans un récit d'action. Chaque séquence dispose d'éléments spécifiques, évitant au récit de rester trop générique.


Scott Eaton et Andrew Hennessy effectuent un travail de mise en images de bon niveau, à tendance descriptive et réaliste, sans être photoréaliste, en parfaite cohérence avec la nature de l'histoire. Ils ont une tendance un peu marquée à donner des corps de culturistes sous stéroïdes aux humains normaux, ce qui donne une dimension superhéroïques trop appuyée à tous les personnages. La densité d'arrières plans est satisfaisante, permettant au lecteur de se faire une idée assez précise de chaque lieu, même s'ils disparaissent pendant les scènes d'action. Eaton et Hennessy ont effectué un travail sérieux de recherche de référence pour assurer la cohérence visuelle de l'apparence des personnages, qu'il s'agisse de la différence de costume de Captain America version Steve Rogers et version James Barnes (ex Bucky). Il ne manque pas un détail sur la panoplie de Taskmaster, et les 5 membres de la Société des Serpents sont immédiatement identifiables (par les experts de l'univers Marvel ; il s'agit d'Anaconda, Bushmaster, Cottonmouth, Death Adder et Rattler).


Malgré la nature artificielle du récit et l'écriture en comité, "Battle scars" raconte une aventure menée tambour battant, tirant partie des richesses de l'univers partagé Marvel, dévoilant le mystère de l'importance de Marcus Johnson. Scot Eaton et Andrew Hennessy effectuent un travail de bonne facture, apportant la consistance nécessaire pour que les personnages existent dans leur environnement. Entre 3 et 4 étoiles en fonction de l'investissement émotionnel du lecteur dans l'univers Marvel.


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Avec divulgation de l'intrigue



En 2012, le film Avengers valide définitivement la version de Nick Fury sous la forme d'un grand noir chauve, interprété par cet acteur. C'est un peu ironique dans la mesure où Mark Millar et Bryan Hitch s'étaient inspirés de ce même acteur pour créer (10 ans plus tôt) la version de Nick Fury de l'univers Ultimate dans Ultimates (2002 à 2004). Devant le succès de cette version cinématographique, Marvel décide de mettre à jour son univers comics, et d'intégrer un Nick Fury noir au crâne rasé. Fraction, Bunn et Yost doivent donc concevoir un scénario qui permette de mettre Nick Fury (l'original) sur la touche et d'introduire la nouvelle version, tout en s'assurant que Marcus Johnson soit légitime, alors que le conservatisme légendaire des lecteurs s'opposera de toutes ses forces vindicatives à ce changement sacrilège.


Mine de rien, Fraction, Bunn et Yost se montrent plutôt habiles dans les ressorts de l'intrigue permettant d'aboutir au résultat imposé, s'avérant capables de tout expliquer de manière assez plausible dans le contexte d'un récit d'espionnage mâtiné de superhéros. De ce point, leur récit mérite le respect, à défaut de déchaîner les passions. Ils réussissent même à apporter un peu de légitimité à l'agent Phil Coulson. Il reste à voir quelle sera vraiment l'importance de ce nouveau Nick Fury dans l'univers partagé Marvel, et s'il réussira à faire oublier l'original.

Presence
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le 11 avr. 2020

Critique lue 66 fois

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