CODEFLESH
5.8
CODEFLESH

Comics de Joe Casey et Charlie Adlard (2013)

Payeur de cautions susceptible

Codeflesh paye les cautions de ceux qui sont condamnés, à condition qu'ils se présentent au tribunal quand celui-ci les convoque. Et Codeflesh prend beaucoup de plaisir à aller casser la gueule de ceux qui ne se présentent pas au tribunal en temps voulu.

Il y a donc beaucoup de bagarres là-dedans, de gueules cassées et d'éclaboussures rouges. Mais l'intérêt de ce récit réside dans son atmosphère crépusculaire : presque tout se passe la nuit, le soir, dans l'ombre ou à l'intérieur, ce qui centre l'attention du lecteur sur l'intime, le débat de conscience, les miasmes fétides qui remontent à la surface du conscient de personnages soit délinquants, soit marginaux, plus ou moins psychopathes, parfois carrément monstrueux.

Déjà, Codeflesh lui-même n'est pas clair. Quand il vient bastonner les délinquants oublieux de leurs obligations, il cache sa tête sous un sac agrémenté d'un code-barre vertical à la place du visage; manière de dissimuler son identité, certes, mais aussi de garder un semblant de légalité quand il a fini de régler ses comptes. Car Codeflesh est lui-même un psychopathe, un névrosé addict à la violence qu'il exerce contre les délinquants. C'est clair : il a besoin de sa dose de baston, et sa vie en est sérieusement affectée, car il cache cette activité douteuse à ses proches.

D’où ses problèmes relationnels avec Maddy, pulpeuse strip-teaseuse fière de son cul, et qui supporte mal que Codeflesh lui cache quelque chose. La mauvaise conscience de Codeflesh est moins visible dans la violence qu’il exerce (après tout, un honnête homme peut avoir envie de jouer au justicier) que dans la dissimulation névrotique de cette part de ses activités à Maddy.

Côté décor, on est donc, plus ou moins, entre les bureaux moisis et crasseux style détective privé qui n’a pas grand-chose à détecter, et les taudis déglingués où prennent place les scènes de violence. Les cibles de Codeflesh ne sont pas vraiment normales-normales non plus : grosse brute de deux mètres au mufle de batracien géant et haineux, un cancéreux cachectique vert avec des bulles, un moutard télépathe à gros yeux rouges, un gros costaud hybridé avec un lance-flamme, etc. Quelque part, on est encore dans le comics de super-héros déguisé, avec de super-vilains à pouvoirs bizarres. Mention spéciale au chapitre 8, dans lequel, quelle que soit l’action et les personnages mis en scène, les textes narrés et dialogués sont constamment issus de la même lettre que Codeflesh écrit à Maddy.

Charlie Adlard, qui dessine par ailleurs « Walking Dead », rend fort bien l’atmosphère sombre et vénéneuse de ces récits, en jouant sur des encrages et des éclairages à la fois bien équilibrés et suffisamment lisibles.

Un compromis intéressant donc, entre une bonne série noire détective privé miteux US, et les outrances contenues dans les comics de super-héros.
khorsabad
7
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le 2 sept. 2014

Critique lue 258 fois

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