Panini a édité en 2012 le début du run de Jurgens sur Captain America avec les numéros US #25 à #31. Un run où Jurgens est accompagné par Andy Kubert au dessin, à l'exception du #29 où il cède la place à Brent Anderson. Cette première partie du run contient donc l'arc Twisted Tomorrow ainsi que le retour en Terre Sauvage.
Bon, alors, autant l'assumer dès le début, ce run est un bug dans la matrice. C'est une erreur 404, c'est quelque chose qui n'aurait jamais du voir le jour. Dan Jurgens est l'assassin de Superman, le papa de Booster Gold, un des dirigeants de 52, le ressurecteur de Teen Titans, et même l'un des rares scénaristes DC à m'avoir offert quelque chose de bon au début de New52 avec Justice League International.
Andy Kubert, pour sa part, si il est connu pour être très mauvais au scénario (qu'il a démarré via Damian, son of Batman), son travail sur la chauve-sourie de DC est une preuve d'un énorme talent. Et à la différence de Jurgens, Kubert a énormément travaillé pour Marvel.
Nous sommes donc face à une équipe qui est censé nous offrir un des meilleurs récits de Captain America. Et, à la place, nous avons une série B franchement naze qui fait passer Expendable pour un film de Haneke.

Bon, on va commencer à critiquer la forme avant de traiter du fond. Déjà, dédouanons l'équipe créatrice d'un problème lié à Panini : la traduction. Outre le fait qu'elle soit franchement bancale et renforce le côté série B sans subtilité, elle est bourrée de fautes très graves. Toutes les 3 pages on a, au choix, une inversion de bulles, un mot qui a disparu, une répétition incohérente ... Et derrière ça la traduction reste quand même moyenne. On démarre donc pas franchement aidé par la lecture pure.
Mais à côté de ça, le dessin jouit de belles erreurs. Je passe sur le strabisme de Captain America pour me concentrer sur l'aspect ... Moche de tout le reste ?! C'est vraiment laid, il n'y a pas d'autres mots. Les scènes sont figées pour montrer au possible à quel point tous les personnages sont plus larges que hauts, avec 359 muslces différents. C'est vraiment, vraiment dégueullasse. Ca respire un album photo de Mister Universe ... Nous n'oublierons pas les bonnes têtes d'idiots également, ce qui nous amène à souhaiter que Cap' garde toujours son masque.
Notons que la majorité des dessins gardent un aspect bad-ass survitaminé : regard assassin, sourire haineux ... Mais le top revient à Nick Fury qui court et nage en fumant son cigare ... Oui, il nage en fumant ! Normal !

Bon, une fois que vos yeux seront habituées (ou auront trop saignés), vous pourrez profiter de l'histoire. Et profiter est un bien grand mot au regard de ce que Jurgens nous propose.
Twisted Tomorrow raconte le combat de Captain et Nick Fury (qui a fait croire à sa mort) contre Le Maître de la Haine, un clone d'Adolf Hitler qui veut envoyer deux énormes bombes sur différents pays en faisant porter le chapeau à un chef de l'état major américain noir. Le tout avec le dit chef d'état major et le Faucon accrochés aux bombes.
Vous le sentez le bon film de série B totalement ridicule ?
Donc, outre que le Mal incarné c'est Hitler et puis point barre. On nous ressort forcément un discours, je dirais pas pro-égalité, pro-liberté, mais anti-mal. C'est bourré de cliché, de répliques pleines de testostérone. Tous les personnages semblent avoir été lobotomisés et il en ressors une vraie impression de cliché tout le long de la lecture.
Au demeurant c'est mal écrit, les combats sont sans intérêts et les personnages sans saveurs. Nick Fury remporte le prix de personnage le plus énervant des 20 dernières années grâce à sa prestation. Soulignons également le message plus patriotique que Bush him-self. Là c'est fini, Captain n'est plus un patriote c'est l'incarnation de la foi divine américaine ...

Bon, une fois passé ce mauvais épisode, on se dit qu'on ne peut pas avoir pire.
Et c'est pas totalement faux. Bien que totalement WTF le retour en Terre Sauvage a au moins le mérite de ne pas être aussi horrible que le récit précédent. Bon, c'est pas très amusant, c'est con au possible, c'est étrange à souhait (des dinosaures parlants, des vieillissement accélérés, des clones) mais au moins ça tient relativement debout.

Seul aspect positif de ce début de run de Jurgens, ce-dernier n'arrête pas de se réapproprier petit à petit le personnage de Captain America et de mettre, petit à petit, en avant, sa perte de repaire temporelle. On sent que Jurgens souhaite, à long terme, s'inscrire dans l'aspect isolé qu'a Captain America.
Il lui crée aussi une némésis en la personne de Protocide que l'on découvre dans ce début de run.

Outre cela, le récit est cependant d'une médiocrité absolue, on ne s'ennuie pas : on passe un vrai mauvais moment.
Une lecture à fuir autant que faire se peut.
mavhoc
2
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le 20 janv. 2015

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mavhoc

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