Le graphisme est plaisant et réussi, d'ailleurs la couverture accroche tout de suite le regard. On sent que le dessin est travaillé, et pourtant il s'en dégage une impression d'aisance ; on sent (et c'est volontaire) l'influence, non seulement des Seventies, mais aussi de l'Art Nouveau, et pourtant la personnalité de l'auteur est patente. On trouve dans l'album de jolis moments, comme les planches 28, 29 et 30 - à l'atmosphère onirique, où l'héroïne nage au milieu de spermatozoïdes qui se transforment petit à petit en nénuphars -, ainsi que quelques autres.


Mais, mais, mais... Bon, déjà, étant donné le parti pris graphique, on s'attend à un découpage, et, surtout, à une mise en page qui sortent de l'ordinaire. La plupart du temps, ce n'est pas le cas. Et côté personnage principal, c'est un peu... comment dire ? Basique. On s'ennuie vite à écouter Cléo parler de sexe, de sexe, et de sexe, à la voir discuter de futilités avec ses copines, à la voir jouer les coquettes, etc., etc. J'ai même trouvé un côté Journal de Bridget Jones (le livre) à cet album, l'humour en moins. Et si vous enlevez l’humour à Bridget Jones, eh ben il ne reste pas grand-chose. Bref, le personnage manque de profondeur pendant pas mal de temps, au point que, lorsqu’elle parle des ses angoisses, on se dit qu'elle joue juste les égocentriques. Sauf que, on va le découvrir malheureusement un peu tard, Cléo est plus complexe et plus abîmée par la vie qu'il n'y paraît au premier abord - d’ailleurs, la scène de maltraitance parentale est extrêmement bien conçue et atteint on ne peut mieux son but. Elle est proprement glaçante.


Fred Bernard a bien tenté une forme de narration non-conformiste pour son roman graphique, d'une part en jouant sur la temporalité, avec un récit non linéaire. D'autre part, il a pris le parti de souvent dissocier le texte et le dessin, ou d'introduire un léger décalage entre les deux. C'est sans doute ce qu'il a réussi de mieux côté scénario. Mais, je ne sais pas, j'ai trouvé que ça ne fonctionnait pas complètement, que les effets recherchés tombaient un peu à plat. Surtout pour ce qui est de la déstructuration du récit.


Au final, on a là un album et un auteur/dessinateur qu'il est intéressant d'aborder, mais qui n'exploitent pas très bien, à mon avis, leurs avantages. Une déception, donc, mais tout de même la découverte d'un roman graphique empreint d'une certaine originalité.

Cthulie-la-Mignonne
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Prévisions 2016 : BD, Prévisions 2017 : BD et BD lues (ou relues) en 2017

Créée

le 30 juil. 2017

Critique lue 130 fois

1 j'aime

Critique lue 130 fois

1

D'autres avis sur Cléo - Les aventures d'une jeune femme prétendument ordinaire

Du même critique

« Art »
Cthulie-la-Mignonne
1

Halte au plagiat !!!

J'ai presque envie de débuter ma critique par "C'est une merde", pour reprendre les propos d'un des personnages de la pièce. Certes, c'est un début un peu vulgaire, mais certainement pas plus que...

le 14 févr. 2019

15 j'aime

7

Solaris
Cthulie-la-Mignonne
9

Mélancoliques mimoïdes

Un des romans les plus marquants qu'il m'ait été donné de lire, et qui demande sans doute à être lu et relu pour en saisir toute la portée. L'histoire de Kelvin, rejoignant trois collègues sur la...

le 5 mars 2016

15 j'aime

6

Bleu - Histoire d'une couleur
Cthulie-la-Mignonne
8

Incontournable Pastoureau

J'avais commencé par regarder, il y a déjà quelques temps, les conférences en ligne de Michel Pastoureau sur les couleurs à l'auditorium du Louvre. Et c'est parce qu'elles m'ont captivée que j'ai...

le 7 mars 2015

14 j'aime

8