En 1989, Uderzo décide de publier un court texte écrit par Goscinny, en 1965, qu'Albert avait illustré pour la revue Pilote. Le sujet était "Comment Obélix est tombé dans la marmite de potion magique". 12 ans après la mort du grand René, Uderzo souhaite offrir cette histoire au grand public, dans une version augmentée avec d'avantage de textes et surtout plus d'illustrations.
Cette bande-dessinée, qui n'en est pas une (puisqu'on a un texte illustré en réalité), offre au lecteur l'occasion de découvrir un univers inconnu et qui pourtant existait déjà avant : la jeunesse d'Astérix et Cie, le village des gaulois quelques décennies au préalable. Cela donne donc un résultat étrange et pour le moins intéressant. Car, en soi, l'histoire n'est pas franchement réussie. Goscinny a souhaité écrire un texte et non un scénario de BD. On reconnait donc bien sa façon de concevoir un récit et les notes d'humour, notamment, sont bien moins présentes que dans une BD normale. Pour autant, elle n'est pas loupée, mais, enfaite, elle n'est, en définitive, pas grand chose.
Elle est un pari. Celui de passer un évènement de l'imaginaire au réel. Nous découvrons enfin ce qui s'est vraiment passé. Du coup, cet évènement prend une part plus réel qu'au préalable. Et on pourrait reprocher à Goscinny d'avoir démystifié un passage important de la vie du village gaulois (encore qu'à l'époque de l'écriture, Astérix n'avait que 6 ans, donc bon, peut on parler de mysticisme ?).
Pourtant, et c'est là la force de l'alliance Goscinny&Uderzo. Les illustrations de ce dernier (souvent réussies, parfois excellentes) nous amènent dans un monde fabuleux. Celui de l'avant-Astérix. Nous nous sentons alors comme les enfants à qui Astérix et Obélix racontent leurs enfances. René Goscinny est un conteur, et il nous captive. Il nous amène au pays imaginaire. Nous sommes dans une sorte de rêve sucré, de douceur en voyant l'enfance des héros de notre enfance.
Certes, Comment Obélix est tombé dans la marmite du druide quand il était petit n'est pas une vraie BD et objectivement, elle n'est pas incroyable pour un sous (d'où ma note). Mais elle a un pouvoir de nostalgie sur ses lecteurs qui rendent sa lecture vraiment agréable.