Terminator

Je viens tout juste de terminer de lire la période New 52 du Deathstroke de Tony Daniel, et en attendant d'en lire la seconde partie, je vais vous en parler. Premièrement, le tome précédent, "L'héritage de Deathstroke" n'était clairement pas célèbre pour sa finesse. Lourd, bourrin et débile, le comics prévoyait surtout pour ses qualités visuelles, et sa connerie assumée.

Mais une question se pose alors : les choses ont-elles changées? Pas du tout, c'est toujours la même soupe. Faudra ainsi pas s'attendre à du fin, à de la grande littérature. Non, c'est plutôt bête, comme précédemment, mais c'est en même temps terriblement efficace. C'est un léger dilemne que voici : que préférez-vous? La belle forme et le fond simplet, ou l'inverse?

Personnellement, vu que l'écriture n'est pas non plus mauvaise, et que l'aspect graphique est vrament incroyable, j'ai sû passer outre la simplicité évidente de l'écriture. Mais cela ne va rien changer à cet article, nous en parlerons quand même. On va même commencer par cela, tiens. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Tony S. Daniel, c'est un dessinateur de chez DC très complet, et surtout célèbre pour ses oeuvres sur l'homme chauve-souris ( notamment sa période Détective Comics ).

Appréciant visiblement les détails dans ses dessins, ces derniers sont généralement de grande qualité. Mais nous y reviendrons. Sauf qu'une question reste en suspens : qu'est-ce que cela donne lorsque le dessinateur en question s'attaque à l'écriture de comics? Eh bien, c'est assez désarçonnant, parce que bien loin du mauvais, il s'avère plutôt plein de ressource et d'imagination. Bon, la forme lui manque encore, mais je ne doute pas qu'il pourra s'améliorer au fil des ans.

Son travail n'est en effet pas parfait et, je dois le reconnaître, les dialogues sentent parfois mauvais; c'est assez maladroit et indélicat. Mais en même temps, les dessinateurs ne sont pas censés écrire non plus, alors pour une fois que l'un d'entre eux se risque à la tâche, on va essayer de ne pas trop le bâcher et d'en parler avec raison et détachement. On lui préfèrera tout de même le traval proposé par Bermejo dans son "Noël", à la fois au niveau de l'esthétisme et de la rédaction.

En petit détail, je n'apprécie pas tellement la version new 52 du personnage

Bon, ce n'est pas mauvais, c'est sûr, mais je me serai attendu à bien mieux de sa part. Mais pour ce qui est de son costume, par contre, je ne peux rien dire de négatif dessus; le look est excellent, et Daniel semble prendre un malin plaisir à le faire virevolter par ci par là, et à nous montrer un Deathstroke encore plus violent qu'a l'accoutumée.

Le mec est un peu le descendant de toutes ces légendes du film d'action des années 80 ( n'en déplaise à la plupart, son blase même en dit long sur les intentions de rédaction de ceux en charge de sa production depuis les années 90 ), et en tant quel tel, il déchiquète l'équivalent de la Corée du Nord avec un cure dent. Et bon dieu que c'est bon !

Ultra-violent, fun et jouissif, le comics est génial et passionnant : c'est varié, tantôt violent tantôt stupide ( encore qu'il est bien plus anglant qu'idiot ), et le résultat graphique, fin et habile ( rappelant parfois la puissance du trait de Jim Lee ) fait partie des meilleurs envisageables pour le personnage.

Et puis, en plus de cette ultra-violence tendant au plus pur des effets de style, viendra s'ajouter une terrible amoralité. Et, il faut tout de même l'avouer, lorsque l'on parle d'un tueur à gage sans âme ni remord ( j'exagère volontairement un peu ), il n'y a rien de mieux que pareil traitement. Néanmoins, les dialogues ne sont pas assez fluides, et les incohérences se révèlent trop nombreuses, pour que l'on apprécie le comics à sa juste valeur. Dommage, car avec une telle gueule, il aurait pu donner un véritable chef-d'oeuvre. Primaire, mais de qualité.