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Ce tome est le deuxième de la collection, après Décennies : Marvel dans les années 40 - La Torche Humaine contre le Prince des Mers. Il comprend les aventures de Captain America parues dans les épisodes Young Men 24 à 28 (dessinés par John Romita senior), Captain America 76 à 78 (dessins de Bill Benulis, Jack Abel et John Romita senior), Men's Adventures 27 & 28 (dessins de Mort Lawrence & John Romita Senior), initialement parus en 1953/1954. Les noms des scénaristes n'ont pas été retrouvés. Il commence par une introduction d'une page rédigée par Jess Harold, évoquant le choix d'une anthologie thématique, et de l'apparition d'un Captain America dans les années 1950, alors qu'il a été retrouvé par les Avengers dans un bloc de glace où il s'est retrouvé en hibernation à la fin de la seconde guerre mondiale. Il comprend également 2 postfaces, écrites par Roy Thomas, l'une en 2004, l'autre en 2008. Ce tome contient aussi un épisode de 44 pages écrit, dessiné et encré par Howard Chaykin, avec une mise en couleurs d'Edgar Delgado, initialement paru en 2009.


Cette anthologie contient 16 histoires de Captain America (& Bucky) comprenant 6 ou 7 pages chacune. Steve Rogers est un professeur d'histoire qui a reçu une injection d'un super sérum conçu par le professeur Reinstein, et il a adopté le costume de Captain America. Il intervient aux Nations Unies pour neutraliser Red Skull qui s'est allié aux communistes pour enlever le Premier Secrétaire de l'ONU. Il intervient avec Bucky pour aller délivrer le scientifique ayant mis au point le dispositif de déclenchement d'un canon atomique, enlevé par les russes dans la région de Las Vegas. À Oaklake, le professeur Standish réussit à injecter un produit qui fait changer d'allégeance à Captain America, au grand dam de Bucky. Captain America et Bucky sont envoyés par les services secrets à Oxbridge Road pour prendre contact avec un individu disposant d'informations confidentielles, pendant que Red Skull court toujours. Steve Rogers et Bucky sont de retour à l'armée en uniforme et la journaliste Betsy Ross est en visite dans leur base, soupçonnée d'être à l'origine de fuites d'informations confidentielles. Dans une ambassade américaine derrière le rideau de fer, Steve Rogers se fait enlever par des communistes qui vont essayer de lui faire commettre un incendie criminel à l'ambassade pendant un défilé militaire.


Captain America & Bucky interviennent en Corée pour enquêter sur des ressortissants américains faisant de la propagande communiste à la radio. Les soldats Steve Rogers et Bucky se retrouvent en Égypte pour enquêter sur la possibilité de la présence de communistes fomentant des actions d'espionnage dans le pays. Captain America & Bucky se retrouvent comme passagers clandestins sur un navire emmenant une cargaison de drogue en Afrique. Captain America & Bucky viennent en aide au professeur Collins menacé d'enlèvement de son fils aveugle par des communistes voulant qu'il lui remette des plans secrets d'un moteur atomique miniaturisé. Captain America & Bucky enquêtent à Chinatown où sévit un mystérieux homme sans visage qui contraint les habitants à aider les communistes, en les menaçant de représailles contre leur famille restée en Chine. Etc.


Dans ses postfaces, Roy Thomas détaille le contexte historique de ces numéros : les superhéros sont tombés en désuétude, mais Martin Goodman (responsable d'Atlas Comics qui évoluera en Marvel Comics) a constaté le succès de la série télévisée Adventures of Superman interprété par George Reeves (1914-1959), ayant duré de 1952 à 1958, soit 6 saisons pour un total de 104 épisodes. Il demande donc à Stan Lee de remettre en service Captain America, mais aussi Human Torch (Jim Hammond) & Toro, ainsi que Sub-Mariner. Ces publications ne dureront que quelques mois, ce qui explique la pagination plus faible de ce tome, et l'épisode de 2009 à la fin. Il attire également l'attention du lecteur sur la force symbolique de l'explosion atomique dans Young Men 25 (l'incarnation de la Guerre Froide), ainsi que sur la réunion le temps d'une page de Captain America, Bucky, Human Torch, Toro et Sub-Mariner, une sorte de proto-crossover. Il y en avait déjà eu un du même ordre dans le tome consacré à la décennie précédente.


En choisissant de lire ce tome, l'intention du lecteur est de pouvoir découvrir une période lointaine de l'âge des comics, une période où la production était au plus bas pour le genre superhéros. Il découvre des histoires courtes, avec des scénarios linéaires et rapides. Toutes les histoires se fondent sur le même thème : la lutte contre les communistes et l'idéologie afférente. À chaque fois, Captain America & Bucky défendent la liberté dans son acceptation américaine, contre les méchants communistes russes, coréens, chinois, et les myriades d'espions tentant de saboter les États-Unis. Cette approche ressort avec plus de force que la lutte contre les nazis dans la décennie précédente. Avec le temps, les nazis ont été réduits à un stéréotype de méchants génériques juste bons à être exterminer par les gentils. Le passage du temps n'a pas encore opéré cette cristallisation sur les communistes de la guerre froide, en les privant d'humanité et de personnalité distincte. Les scénaristes (restés anonymes) ne creusent pas la personnalité de Steve Rogers ou de Bucky qui ne sont que des héros d'aventure défendant les valeurs des États-Unis sans état d'âme, sans questionnement. Le lecteur relève que Steve Rogers est devenu un professeur d'histoire, le temps de quelques épisodes, mais qu'il réintègre bien vite l'armée, et qu'il fume la pipe. Il se rend dans plusieurs pays, pas tous communistes, et il y a un développement inattendu (un peu condescendant quand même) sur l'honorabilité des citoyens d'origines asiatique à Chinatown. Par contre, tous les communistes sont fourbes, lâches et menteurs, sans oublier belligérants aussi.


Le lecteur est également curieux de découvrir à quoi ressemblaient les dessins de l'époque, avant que Jack Kirby ne devienne la référence ultime à imiter avec l'avènement des Fantastic Four et des superhéros qui les ont suivis. Il constate qu'ils sont moins frustes que dans le tome précédent, avec des traits de contours plus affirmés, parfois un encrage un peu noir, et des représentations moins naïves, ayant gagné en consistance. Il ne reconnaît pas le trait élégant de John Romita senior représentant Mary Jane Watson une décennie plus tard. Dans la première postface, Roy Thomas indique que John Romita senior s'inspirait de la première version de Captain America Jack Kirby & Joe Simon, tout en apportant une approche influencée par Milton Caniff (1907-1988) dans ses strips d'aventure comme Terry and the Pirates, et Steve Canyon. Le lecteur constate la volonté de Romita et de Lawrence de rester dans un registre plus réaliste que Bill Everett et Carl Burgos, rendant la narration visuelle plus normale pour un lecteur habitué aux comics des débuts des superhéros Marvel dans la décennie suivante.


Ces 16 histoires permettent de découvrir un pan des comics de superhéros à leur nadir en termes de popularité. La lecture en est facile du fait d'histoires courtes et de dessins plus modernes que ceux de la décennie précédente. Le lecteur découvre une charge systématique contre les communistes de tout poil, reflétant l'état d'esprit collectif au plus fort de la Guerre Froide, du côté occidental du Rideau de Fer. Les 2 textes de Roy Thomas apportent des informations bienvenues sur le contexte de ces parutions. Par contre, il ne s'agit que d'une vue partielle de la production Atlas/Marvel de cette décennie, ne reflétant que la maigre production en superhéros, sans aborder les autres genres. 7 étoiles.


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America First - En Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), les services secrets ont créé une réplique d'une petite ville américaine pour entraîner leurs agents dont Natasha Romanova. À Washington, le sénateur Joseph R. McMurphy exhorte les bons citoyens à dénoncer ceux qu'ils soupçonnent de participer ou de soutenir des activités communistes. Captain America (William Burnside) lutte contre les saboteurs et les espions communistes. Nick Fury doit témoigner devant la commission des activités anti-américaines (House Committee on Un-American Activities, HCUA).


Howard Chaykin réalise une histoire mettant en scène le Captain America de remplacement pendant la Guerre Froide, en pleine chasse aux sorcières organisée par le sénateur Joseph McMarthy (1908-1957). La reconstitution historique est visuellement magnifique et très impressionnante. Les personnages de l'auteur ont une apparence un peu moins crasse que d'habitude. Il s'attache essentiellement à mettre en lumière la méchanceté inhérente à la zizanie générée par McCarthy, au travers d'une intrigue dont les rebondissements semblent aussi soudain que ceux des aventures des années 1950. 8 étoiles pour une vision moins cynique qu'à l'habitude d'Howard Chaykin, et anti-délation.

Presence
7
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le 28 août 2019

Critique lue 272 fois

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