Dans New Avengers 11: Search for the Sorcerer Supreme, les New Avengers assistent Stephen Strange pour qu'il trouve son successeur au titre de Sorcier Suprême. Le remplaçant s'appelle Jericho Drumm. Dans ce tome ce novice à ce poste doit faire ses preuves et doit faire face à de nombreux adversaires qui comptent bien profiter de son inexpérience. Doctor Voodoo affronte Doctor Doom, Dormammu et Nightmare.


Rick Remender se voit donc confier la lourde tâche de donner de la crédibilité à ce personnage. Il faut savoir que passées ses premières apparitions dans le début des années 1970, ce personnage a souvent été pris en exemple du parfait superhéros qui ne tient pas la route et qui constitue un objet de dérision parmi les professionnels. Du genre, si t'es pas sage, tu finiras scénariste sur Brother Voodoo. Du coup Remender sort la grosse artillerie sur un postulat de départ des plus logiques : quand un nouveau arrive, on le teste. La séquence d'ouverture est remarquable : Doctor Voodoo attaque bille en tête Dormammu et lui met une déculottée avec l'aide de Stephen Strange dans le rôle du mentor. Cette séquence est d'autant plus impressionnante que les illustrations de Jefte Palo sont pleines d'inventivité dans un style un peu brut de décoffrage. Il innove en douceur sur la représentation des mondes par delà les mondes pour les dépeindre sous la forme d'un espace traversé de météorites. Et la mise en couleurs de Jean François Beaulieu est très inventive et très émotionnelle dans des tons verdâtres et bruns du plus bel effet. Et là le lecteur y croit : cette minisérie en 5 épisodes va casser la baraque.


Et puis Rick Remender décide de rappeler que Jericho Drumm est également un médecin, il va donc faire un petit tour à l'hôpital, pour n'y retourner que de manière anecdotique à la fin du récit. Il décide également de rappeler Daniel (le frère de Jericho) à la mémoire du lecteur. Mais ce personnage ne sert qu'à remplir le rôle de deus ex machina à plusieurs reprises dans le récit. Très vite, la tension installée dans le premier épisode retombe pour s'enliser dans une mythologie vaudou peu compréhensible, et encore moins intéressante. Rick Remender fait également usage de célèbres guest stars pour doper les ventes : 2 Ghost Riders, Magik, Son of Satan, Dracula, etc. On est bien content de les voir apparaître, mais ils auraient été remplacés par des créatures démoniaques génériques, le lecteur n'aurait pas vu la différence. Et vous pouvez aussi rapidement oublier le rôle de tuteur de Stephen Strange dans les épisodes suivants.


Les illustrations de Jefte Palo et la mise en couleurs de Jean François Beaulieu tiennent la distance. Ce style marqué par la granulosité et des couleurs sombres très harmonieuses vaut vraiment le coup d'oeil. La mise en page est claire. L'interprétation graphique de Nightmare est assez intéressante. Les espaces interdimensionnels ne se renouvellent pas beaucoup mais ils restent dépaysant et crédibles. Ce duo se fend également de quelques décors fouillés très séduisants par leur étrangeté : les rues de la Nouvelle Orléans, l'appartement de Jericho, la chambre de méditation de Doom, etc. On peut juste leur reprocher de se reposer un peu trop sur les compositions de couleurs en guise de fond et de ne pas se renouveler pour les voyages entre les dimensions. Il faut également signaler les superbes couvertures de Marko Djurdjevic qui fait de Doctor Voodoo un personnage vraiment inquiétant.


Après cette minisérie en 5 épisodes de 2009/2010, Marvel a étoffé ce recueil (et donc le prix) en incluant 2 épisodes constituant la première apparition de Brother Voodoo : Strange Tales 169 & 170 (septembre et octobre 1973). Anecdotique pour le scénario de Len Wein, sympa pour les dessins de Gene Colan, même si l'encrage de Dan Adkins manque de finesse. Il y a ensuite l'épisode 6 de "Tales of the Zombie" paru initialement en juillet 1974. Là encore, l'histoire est très anecdotique, voire carrément risible (surtout le criminel Black Talon qui a basé son apparence sur celle d'un poulet) et Gene Colan était visiblement très pressé pour les dessins, dommage. Et le tome se poursuit sur la réédition de 3 back-ups parus dans la série "Doctor Strange" et consacrés à l'histoire de Jericho Drumm et l'historique des Brother Voodoo depuis 1492.


Le tome se termine sur un texte de Tony Isabella (3 pages) qui donne sa version de la création du personnage (assez intéressant comme témoignage sur le mode de fonctionnement de Marvel à l'époque) et sur 2 pages de fiches sur le personnage (extrait du Marvel Universe Handbook).


Après avoir lu tout ça, j'en ressors avec un sentiment de "tout ça pour ça", rendu encore plus prégnant par le fait que la série de Doctor Voodoo s'est arrêtée au numéro 5 tellement elle n'a pas su trouver de public.

Presence
4
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le 17 janv. 2020

Critique lue 55 fois

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