Mardi gras glauque

Dragon Head continue sur son excellente lancée du tome 1.
Ici on abandonne un peu le jeu de lumière pour laisser place aux odeurs et à la chaleur. Mochizuki parvient à retranscrire à la perfection ces sensations de par ses personnages et ses dessins.
La claustrophobie se fait de plus en plus ressentir, en particulier quand Teru tente sa chance dans le conduit d'aération.

Mais là où le tome est limite tétanisant, c'est au niveau de la folie qui gagne peu à peu les protagonistes. Le personnage de Nobuo est flippant et malsain et son délire de maquillage accentue encore plus son déséquilibre mental.
Le malaise est palpable et on se demande où est le potentiel plus grand danger : le manque de vivre ? La folie de Nobuo ? La chaleur ?
Pour le coup, là où le lecteur parvenait à très bien s'identifier à Teru dans le tome 1, c'est ici avec le personnage d'Ako que le lecteur va être en phase. Elle est la seule à garder les idées à peu près claires et ne sait pas quoi faire entourée de ces deux garçons.

J'aimerais aussi mettre en perspective le dessin fantastique de Mochizuki. Le passage où Nobuo et Ako sont face à face dans le train et tout ce qui suit avec le maquillage est fantastique. Mochizuki propose des cases parfois un peu décentrées, se focalisant sur des éléments hors décor parfois, pour sous entendre ce qu'il se passe et faire transmettre des émotions. On a ici les prémices de ce qu'il proposera des années plus tard avec maestria dans Chiisakobe

Ce qui est fort pour le moment avec Dragon Head c'est qu'on a pas la moindre idée de comment va se poursuivre l'histoire et encore moins comment elle va se terminer.
Le fait d'être coupé de tout élément extérieur se fait pleinement ressentir et le lecteur est comme nos trois protagonistes : prisonnier de ce tunnel.

Magistral.