Jérôme Heydon, dessinateur et scénariste d’Aarib est très certainement conscient que sa bande dessinée est un hommage non dissimulé à Lawrence d’Arabie, tant les parcours de ce personnage et du sien son similaires géographiquement et spirituellement. Le même sable chaud du désert, les mêmes mythes, la même métamorphose et le même cheminement. On n’est pas dans le plagiat, plutôt dans l’appropriation intelligente et l’adaptation réussie.

François est journaliste et écrivain, du moins joue-t-il à l’être et prend l’idée de partir pour la Sahara sous protectorat français, à la rencontre de ceux que Le Clézio appelle les Gens Des Nuages, autrement dit les Touaregs. Passant par plusieurs points clés, tels un fort français en plein désert, il parviendra à découvrir ceux qu’il désirait tant rencontrer, au point de ne plus vouloir repartir.

Il sera marqué par la découverte de coutumes profondément humaines, perturbé par les contradictions des raisons qui l’ont amené au milieu du désert et tombera sous le charme de la magnifique Leïla, déesse du désert, presque un mirage qui lui offrira un temps son amour jusqu’à ce que leurs différences ineffaçables reviennent à la surface.

Aarib est un chant d’amour de son auteur pour le désert et ses habitants, le dessin magnifie chaque grain de sable, chaque tempête, il rend leur beauté irréelle à ses peuplades que nous idéalisons ou méprisons par ignorance et qui considèrent leur désert comme gardien de leur mode de vie et de leurs traditions. Le dessin de Jérôme Heydon n’en est en fait pas un, il s’agit ici presque de peinture, de bande-peinte aux couleurs chaudes qui finalement, lance un peu plus fort ce fameux appel du désert auquel il semble si difficile de résister. Aarib est une œuvre qui ne laisse pas ébahi devant la bande-dessinée du siècle, on assimile, on digère doucement pour peu à peu découvrir combien le travail de Jérôme Heydon est ici précieux.
Jambalaya
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le 3 mai 2013

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