Elles
5.5
Elles

Manga de Eiki Eiki et Taishi Zaō (2012)

Elles est né d’une volonté de Eiki Eiki d’écrire du yuri et de Taishi Zaou (alias Mikiyo Tsuda) de dessiner des poitrines. Tout un programme. Surtout que la scénariste a effectué toute sa scolarité dans des écoles pour filles ; autant dire qu’elle maitrise le sujet.

Elles est un manga relativement court – un seul volume et pas spécialement épais – narrant des histoires prenant comme toile de fond le lycée pour filles Sainte Thérèse. Je sais, entre le qualificatif « pour filles » et le symbole chrétien à la Maria-sama ga Miteru, nous frôlons le cliché. Mais passons.
Nous suivons le quotidien de plusieurs filles éprouvant des sentiments « contre-nature », et je n’en dirai pas plus pour garder la surprise. Ce manga commence comme un simple concentré de fan-service, entre les pages couleurs montrant des personnages féminins entièrement dénudés, et une lycéenne dont la grande passion consiste à toucher les poitrines de toutes ses camarades de classe, sous prétexte qu’elle adore la sensation d’un sein bien ferme dans la main, et qu’elle n’est pas équipée pour se satisfaire de ses propres attributs.
C’est un reproche que je fais après coup à ce manga : deux des principaux personnages féminins sont trop surréalistes pour être crédibles – entre l’obsédée des seins et la lesbienne extravertie qui drague ouvertement tout ce qui porte une jupette – et cela nuit à l’histoire.
Vous me direz sans doute qu’il fallait bien un certain quota de fesses et de nichons pour justifier la publication de ce manga dans un magazine yuri, et ne pas le confondre avec un shôjo. Mais à mon sens, les scènes dans l’intimité des personnages auraient suffi, sans qu’il soit utile de proposer deux excitées à la limite de la caricature.

Ce manga joue sur plusieurs registres. Le premier, vous l’aurez compris, c’est son côté aguicheur ; et je confirme que Taishi Zaou dessine très bien les poitrines, moins outrancières que celles d’un Oh!Great donc plus réalistes et agréables à l’œil. Le second, c’est la comédie, puisque les comportements exubérants de certains protagonistes servent aussi à apporter de l’humour au titre ; l’une d’elle a quand même une mentalité de vieux pervers, ce qui tranche radicalement avec ses allures d’idole et la rend immédiatement irrésistible. Enfin, Elles ne se contente pas de présenter des filles homosexuelles juste pour le plaisir de les faire s’embrasser et plus si affinités ; à la façon de Takako Shimura sur Fleurs Bleues, ce manga nous parle d’évolution, d’adolescence, de sentiments naissants difficiles à comprendre et à assumer, et dans un sens presque de choix de vie : faut-il se fondre dans la masse ou vivre nos sentiments comme nous l’entendons ?
C’est dans ce dernier aspect que je reconnais bien Taishi Zaou, et je suppose que si elles s’entendent aussi bien, c’est que Eiki Eiki doit avoir des thèmes de prédilection similaires. L’histoire n’est pas aussi superficielle qu’elle peut paraitre au premier abord, avec ses filles qui se tripotent dans tous les sens. Nous y trouvons effectivement du sexe et de l’extravagance, mais aussi une vraie romance et une vraie tendresse, qui personnellement me touchent.

Elles combine des codes propres au yuri à un ton résolument porté sur la comédie romantique. Et le mélange prend parfaitement. J’ai ri, j’ai parfois eu envie de verser une petite larme, et j’en ai profité pour me rincer l’œil. Ben oui, soyons honnête.
Autant dire que j’ai grandement apprécié cette lecture, et ce n’est pas peu dire.
Ninesisters

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