Se détourner de la fatalité

Alors qu'une jeune fille entre au collège et découvre que la société attend d'elle de désormais se comporter plus comme une fille, elle rencontre un jeune garçon qui la toise et l'invite, après quelques péripéties, à s'évader chaque lundi soir avec lui dans un univers dépourvu de contraintes sociales.

Grandir… c'est toujours dur de grandir, mais c'est plus facile pour certains que pour d'autres. Ce postulat vite annoncé par l'auteur constitue la trame et l'enjeu du manga. Original, sûrement pas — c'est donc le traitement qui importera. Celui-ci se décline et s'explore à travers deux personnages qui révèlent rapidement un esprit profond malgré leur apparence et comportement caricaturales : tandis qu'ils se blottissent dans des pitreries hebdomadaires, ils sont entièrement conscients de leur différence de pensée vis-à-vis des autres, tout en traversant d'autres problèmes personnels. Cette complicité entre la simplicité apparente et la profondeur de sens se retrouve également dans les dessins, qui pourront paraitre globalement brouillons mais qui seront aussi très profonds — autant dans le sens, que dans une perspective accrue frisant la 3D, que dans des jeux de "couleurs" et d'ombres, que dans des jeux de reflets…

『En attendant lundi』, c'est retrouver, pour ceux qui l'ont vécu, ce moment où l'on a commencé à ressentir un décalage avec les autres et qu'on a voulu fuir par divers moyens et la compagnie de ceux qui nous comprendraient. Cette idée de l'œuvre n'est pas foncièrement révolutionnaire, mais ses personnages palpables et ses dessins inventifs laissent une certaine impression.