Ce tome fait suite à Invincible T18 - Hécatombe (épisodes 97 à 102) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 103 à 108, initialement parus en 2013, écrits par Robert Kirkman, dessinés par Ryan Ottley, encrés par Cliff Rahtburn pour les épisodes 103 à 106, et par Ottley pour les épisodes 107 & 108, avec une mise en couleurs réalisée par John Rauch.


Quelque part aux États-Unis, dans une banlieue pavillonnaire, un homme est en train de faire son footing avec son hoodie sur la tête. Il salue un voisin. Il ramasse son journal sur le pas de sa porte et rentre chez lui. Angstrom Levy rabat son hoodie et laisse les petites sphères métalliques avec caméra flotter autour de lui. Il regarde le gros titre et met un peu de temps avant de comprendre : son ennemi Invincible (Mark Grayson) est bel et bien vivant. Il manque de s'étouffer dans son café. Dans la base spatiale des Gardiens du Globe en orbite autour de la Terre, Rudolph Conners (Robot) écoute les nouvelles : Invincible est bel et bien vivant et il a une fois de plus sauvé la Terre, cette fois-ci des destructions de Dinosaurus. Amanda (Monster Girl) arrive dans la salle de contrôle et demande ce qui contrarie Rudolph Conners. Ce dernier a du mal à croire que Cecil Stedman ait pu pardonner à Invincible alors que c'est lui qui a libéré Dinosaurus, lui permettant de faire autant de morts. Dans le pavillon des Grayson, Samantha Wilkins et Mark Grayson sont couchés au lit, quand tout à coup Samantha se redresse vivement et montrant sa bague. Mark reste interdit et elle explique qu'elle l'a faite avec son superpouvoir. Elle lui demande de faire venir Cherry immédiatement afin qu'elle examine son ventre. Sherry Arrive par téléportation, rassure Samantha sur l'état du bébé et lui confirme qu'il faut qu'elle s'abstienne d'utiliser son superpouvoir pendant toute la grossesse.


Dans la base lunaire des viltrumites, Nolan Grayson vient discuter avec Thragg dans sa cellule. Ce dernier lui recommande de l'exécuter maintenant pour que les viltrumites n'assimilent pas ça à de la faiblesse chez leur nouveau chef. Nolan lui rétorque que c'étaient les anciennes coutumes et que lui va le laisser vivre. Le lendemain, Samantha Wilkins se rend en voiture jusqu'à l'appartement de William Clockwell et Rick Sheridan. Elle peut leur parler de son état, et Rick évoque le sien. Pendant ce temps-là, Invincible est en train de s'occuper de Mauler qui fait son retour. En fin d'après-midi, Samantha Wilkins reprend sa voiture pour rentrer chez les Grayson, et reste coincée dans les embouteillages pendant un bon moment. Quand elle rentre enfin dans son pavillon, elle y est attendu par un ennemi tenace d'Invincible. Plus tard, Battle Beast (Thokk) se rend sur la planète Telscria où Allen l'alien lui confie une mission d'assassinat. Mark et Nolan Grayson se lancent dans un bras de fer. Anissa décide d'évaluer la force de Mark Grayson. Invincible décide de se rendre dans une dimension parallèle avec Robot (Rudolph Conners) pour aller neutraliser un ennemi.


Comme à son habitude, Robert Kirkman n'y était pas allé avec le dos de la cuillère dans le tome précédent, et le lecteur se demande bien ce qu'il lui réserve avec celui-ci. Il commence par découvrir la suite de l'évolution de la relation entre Samantha et Mark. Ryan Ottley s'amuse bien avec les réactions effrayées de Samantha et Mark quand elle s'inquiète d'avoir utilisé son pouvoir. Il est toujours aussi doué pour les expressions de visage et les postures parlantes : Samantha se détendant en parlant à William & Rick, ou se crispant et s'énervant dans les embouteillages, sentant la colère monter en elle face aux explications de l'ennemi qui la détient captive, la colère et la rage de Mark face à un autre Invincible (celui avec une iroquoise), la manière dont Samantha parvient à calmer Mark face à cet adversaire, le soupir excédé de Samantha essayant de monter un meuble, l'énervement de Samantha pendant un repas avec les parents de Mark, son énervement deux ou trois crans plus haut quand elle comprend que Mark ne veut pas abandonner l'idée de poursuivre l'ennemi. Les dessins font apparaître avec évidence les nuances de comportement et de réaction émotionnelle des deux jeunes fiancés, Kirkman s'amusant lui aussi à montrer qu'ils ont chacun leur caractère, chacun leur façon de voir les choses, et que trouver le juste milieu ou le bon compromis n'a rien d'une évidence dans un couple. Rendu ainsi sensible à cette composante du récit, le lecteur se rend compte que cette sensibilité émotionnelle s'exprime avec la même justesse et la même nuance pour les autres couples, comme Deborah & Nolan Grayson, ou Amanda & Rudolph Conners, leurs interactions étant orientées par leur histoire commune.


Comme dans toute série de superhéros, celle-ci contient son lot de combats physiques et d'ennemis pas beaux avec des superpouvoirs. Ça commence donc par le retour d'un ennemi récurrent tenace auquel Ryan Ottley donne une apparence de méchant d'opérette avec sa tête déformée, sa longue cape et un méchant rictus. D'un autre côté, il a toujours été représenté comme ça, et une partie de ses déformations ont été provoquées par sa transformation. Ça continue avec le retour d'un Invincible d'une dimension alternative, sauvage, violent et cannibale de surcroît auquel le dessinateur sait donner un regard habité par la folie, très convaincant. Ça continue ensuite avec deux supercriminels ayant des pouvoirs basés sur la lave. Les pages bonus indiquent que l'apparence de Volcanikka a été conçue par Cory Walker, et elle est visuellement très impressionnante, ainsi que Doc Seismic dans sa nouvelle forme. Ils sont aidés par des monstres souterrains qui en imposent par leur présence et leur forme réellement monstrueuse. Les auteurs se sont également spécialisés dans la violence des combats. Ça commence doucement avec une petite giclée de sang qui sort du nez de Marauder qui vient de se prendre un énorme coup de poing dans le visage. Ça continue avec le spectacle peu ragoûtant d'un Invincible en train de manger de la viande directement sur l'os du cadavre d'un ennemi mort. Puis dans l'épisode 106, Battle Beast s'en donne à cœur joie avec sa masse d'arme, éventrant la chair, terminant littéralement trempé de sang. Il faut encore mentionner un personnage traversant le crâne d'un monstre géant. Ryan Ottley est toujours en pleine forme pour les combats.


Le lecteur est bien évidemment revenu pour l'intrigue principale et les intrigues secondaires. En entamant ce dix-neuvième tome, il ne sait plus trop qu'elle est l'intrigue principale, si ce n'est de savoir quelles seront les prochaines étapes de la vie de Mark Grayson et de son couple. Il est donc bien servi avec une comédie dramatique de haut vol, racontée avec une narration visuelle expressive et nuancée. Il découvre que le scénariste a décidé de ramener un ancien ennemi récurrent, et Invincible se retrouve à nouveau coincé dans une dimension parallèle. Pour autant ces deux épisodes n'ont pas un goût de redite, et Robert Kirkman continue de développer la notion de rédemption et de pardon. Cela aboutit à une situation paradoxale propice à la réflexion. En effet depuis le début de la série, la rédemption est au cœur du sujet, que ce soit pour Nolan Grayson, mais aussi pour les viltrumites, et maintenant pour Mark Grayson. Robert Kirkman a absous Mark Grayson des horreurs qui ont été commises à la suite de sa décision, et le lecteur a bien volontiers suivi, parce qu'il n'y avait pas d'intention de nuire de sa part, et qu'il ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer. Ce fut plus difficile concernant Nolan Grayson parce qu'il y avait une intention claire, mais il était le père du héros et son intention était dictée par sa culture ce dont il n'était pas responsable. À nouveau, le lecteur se retrouve entraîné dans ce questionnement complexe sur l'absolution en dehors d'un cadre de lois qui semble ne pas s'appliquer aux individus dotés de superpouvoirs. C'est aussi un dispositif narratif qui permet de prendre du recul sur la question du pardon et de s'interroger dessus, sur les circonstances dans lesquelles on est prêt à le donner.


Bien sûr, ce n'est pas la seule intrigue secondaire : il reste la question des viltrumites. Le lecteur était ressorti assez convaincu du tome précédent, que Nolan Grayson semblait de bonne foi, même si Robert Kirkman maîtrise l'insinuation comme pas deux. Or le nouveau positionnement de Nolan Grayson implique qu'il doit faire un choix épineux concernant Thragg, ce qui a forcément des conséquences, et il y a forcément des personnes qui ne sont pas satisfaites à commencer par Allen l'alien. Amanda rend visite à son fils Monax qui a quelques informations à lui communiquer sur Rex/Rudolph, pas forcément entendables. Il ne faut pas oublier non plus la réapparition d'Anissa qui s'intéresse soudainement à Mark, à plus d'un titre. Comme d'habitude, le lecteur de longue date de la série savoure sa richesse, le potentiel de chacune de ces séquences. Comme d'habitude, il est épaté par Robert Kirkman qui sait exactement doser chaque ingrédient, sans risque d'une sensation de patchwork hétéroclite, ou d'éparpillement dans des fils qui ne mènent nulle part. Il en donne pour son argent au lecteur, tout en le tentant avec une infinité de possibilités intrigantes.


Plus que de grandes responsabilités, les pouvoirs de Mark Grayson lui attirent des ennemis sans fin, pour le plus grand plaisir du lecteur. Ryan Otley est en pleine forme à la fois pour les interactions en civil entre les personnages et leur expressivité, à la fois pour les séquences d'affrontements et les blessures horribles et très graphiques. Robert Kirkman semble puiser dans une source infinie d'idées à la fois classiques, à la fois racontées de manière unique, avec en thème de fond la question épineuse de l'absolution, très provocatrice.

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le 15 mai 2020

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