Feu de paille
7.3
Feu de paille

BD (divers) de Adrien Demont (2015)

Feu de Paille, tu as embrasé mon cœur ♥

Feuilletées rapidement, quelques pages sont passées sous mes yeux et ont accroché ma curiosité. Feu de Paille m'avait envoûté en l'espace de quelques secondes fugaces, accroupi sous le regard pesant du vendeur qui se demandait si j'allais enfin acheter quelque chose.


Car c'est un sacré dépaysement que propose Adrien Demont. Paradoxal quand on sait que le lieu dans lequel se déroule l'intrigue, flottant au milieu des monocultures de maïs et de tournesols est celui dans lequel j'ai grandi. Bref, le mystère est pesant, omniprésent et suinte dans toute la moiteur de la campagne, de ses papillons de nuit, de ses criquets noctambules ou de son Soleil blanc. Dans le regard des locaux, de la suspicion et de la peur face à une silhouette étrange hantant la vallée la nuit tombée, des cris de chouette étrangement humains résonnant dans l'obscurité.


C'est dans cet univers que viennent s'installer Joseph, qui a grandi ici, sa femme et son fils. Après une greffe de cœur bionique, il reprend à zéro, ou plutôt "remonte le temps" selon ses propres mots.


Le récit jongle entre les époques, passant d'une génération à une autre par le biais des souvenirs d'enfance de Joseph. Les aventures nocturnes et les histoires inquiétantes des enfants sont une constante dans ce milieu ou l'ennui se fait parfois pesant et où seule l'idée de phénomènes inexplicables rajoute du plaisir et une délectable angoisse aux longues soirées d'été.
La médecine qui autorise Joseph à vivre grâce à son cœur bionique ou la robotique qui permet à la poste de ne plus employer d'humains ne changent rien: la peur du paranormal, le fantasme et l'instinct de survie ont toujours leur place dans cet univers.


Le rythme, bien géré globalement était à quelques moment moins bien fichu, et nuisait un peu à la fluidité de la lecture. J'aurai aimé aussi en savoir plus sur certains personnages, dont un développement psychologique plus poussé aurait était intéressant


Le style graphique quant à lui, est très agréable. Les personnages filiformes, les voitures carrées et les nuages ronds comme des ballons n'empêchent à aucun moment de se plonger dans l'intrigue et d'observer les événements avec les même yeux écarquillés que les protagonistes. Le constant noir et blanc est nuancé par des jeux de hachures, d'aplats ou dégradés de gris, et de traits matiérés au crayon à de rares moments, le tout formant dans la variété une symbiose graphique convaincante.


Bref la maîtrise stylistique et scénaristique, l'ambiance particulière qui se dégage avec force des pages de cette BD étonnamment peu connue font que je la considère comme une des meilleures que j'ai lue.

Motte
9
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2017

Critique lue 157 fois

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Motte

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