Gamer'z
Gamer'z

BD franco-belge de Baf (2010)

Le catalogue des éditions Jungle ! n’a jamais caché son offre grand public, composé aussi bien de licences populaires, dont des adaptations BD des Simpsons, des séries Caméra Café ou Scènes de ménages ou liées à des personnalités publiques (Stéphane Plazza), sportives (Didier Deschamps) ou politiques (Sarkolanta) que de créations originales.

Gamer’z fait partie de leurs nombreuses séries d’humour, qui ici s’attache à s’amuser autour des clichés du joueur, ou du « gamer » pour faire cool. Les gags en une planche vont traiter du jeu vidéo, même s’ils débordent parfois sur l’informatique ou le cinéma, dans ce grand mélange de la culture geek dont on ne sait pas vraiment ce qu’elle contient.

Bien sur, il faut prendre un pas de côté, les personnages présents dans Gamer’z sont exagérés, mais le trait est parfois si gros qu’il en devient grossier et caricatural. Il manque un peu de chaleur, de bienveillance. Il ne suffit pas de quelques clins d’oeil, de consoles dessinées ou d’artwork de jeux existants (vraisemblablement sans l’autorisation des ayants droits) qui rappelleront le jeu vidéo de ces années.

Et malgré une certaine diversité dans les personnages (le joueur en couple, le geek nounours, les enfants joueurs, etc.), il y a certains gags récurrents qui ne témoignent pas d’une franche camaraderie des auteurs avec leurs créations. Les plaisanteries sur le jeu vidéo qui isole de la réalité, sur les joueurs en couple qui ne s’occupent pas de leurs compagnes, ou sur la mauvaise foi et autres comportements agaçants relèvent plutôt de clichés qui semblent hérités de reportages souvent à charge comme la télévision aimait tant en faire pour rabaisser ce loisir concurrent.

Le gag « étymologies » est d’ailleurs assez clair, avec une conversation entre son père et son fils sur les avantages et les défauts de leurs passions respectives, pour le paternel la bande dessinée et pour la descendance le jeu vidéo. C’est le père qui aura le dernier mot, et donc la bande dessinée qui gagne, critiquant le genre et terminant sur cette subtile plaisanterie « d’ailleurs l’étymologie du mot « console » ne vient-elle pas de l’expression « con seul » ? ». La finesse.

Pourtant le sieur Gaston à l’écriture est sensé avoir un peu d’expérience de ce monde, car en plus d’être scénariste et dessinateur il est présenté comme ayant travaillé pour Ubisoft, célèbre studio international de jeux vidéo. Mais non, ça ne prend que mal. Aux dessins voici l’inconnu Baf qui n’a que cet album à son actif (mais peut-être d’autres sous un autre alias) et ce n’est pas très remarquable, assez classique de ces albums d’humour grand public.

A noter que l’album se termine d’ailleurs par une pleine page dessinée qui n’a pour d’autre but que de faire la promotion de la chaîne de magasins de jeux vidéo Game. Merci pour la publicité.

Quelques gags sont tout de même réussis et ils le sont parce que les personnages sont en retrait, où il s’agit d’aspects généraux du jeu vidéo, comme la multiplication des câbles, la miniaturisation du jeu vidéo ou les sites de rencontre vus sur un angle ludique. Des angles plus intéressants, qui offrent des planches plus percutantes, plutôt qu'une peinture des caractères trop grasse. Il suffisait de se forcer un peu.

Difficile de comprendre à qui était destiné cet album. En tant que joueur, il y avait de quoi rire jaune devant cette bédé, qui se veut comme une franche accolade mais se révèle trop caricaturale, même si ça avait été un cadeau offert de bon coeur par Tata. Quant aux autres, qu’est ce qu’ils en auraient à faire de gags sur les joueurs et le jeu vidéo ? Gamer’z est vraiment un produit, destiné à draguer une catégorie de consommateurs maintenant clairement identifiée, les joueurs. Et on peut lui reconnaître d’avoir reconnu que le jeu vidéo n’était plus un jouet que pour les enfants. Malheureusement l’album se trompe en étant à la limite du mépris pour ses personnages, un comble, et parce qu’il n’a pas su jouer avec d’autres codes de ce médium pourtant si riche.

Heureusement, le tome 1 ne connaîtra pas de suites.

SimplySmackkk
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le 30 août 2022

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