[Critique tomes 1 et 2 - ancienne édition] Le fantôme des futurs chefs-d'oeuvre de Mamoru Oshii

[Je n'ai eu accès qu'à l'ancienne édition de Glénat, dans le sens de lecture européen, et non à la Perfect edition parue plus récemment; j'imagine que ça ne change pas grand chose à notre affaire]


Tome 1 (6,5/10): Au tournant des années 1990, deux œuvres de science-fiction vont particulièrement marquer le monde du manga et de l'animation: Gunnm et donc Ghost in the Shell (publiée entre 1989 et 1997). Masamune Shirow, l'auteur de cette dernière, a de toute évidence laissé sa marque sur l'imaginaire collectif otaku, avec ses univers mêlant action, cyborg(ue)s bien roulées (souvent des héroïnes, à l'instar de Gunnm, sachant que Shirow exercera aussi plus tard ses talents...dans le hentaï - sans doute moins fatiguant à produire) et hard-science (avec une volonté et une véritable ambition de crédibilité et de cohérence scientifico-politique globale).


A la lecture de ce premier tome, je ne suis pas pour autant franchement persuadé que ce manga serait resté autant dans les annales sans la fantastique adaptation de Mamoru Oshii (1995 pour le premier film) qui a, de mon point de vue, fait passer la franchise dans une toute autre dimension. Car si l'univers (assez fascinant il est vrai) et les personnages qu'on retrouve dans le film sont déjà bien en place, on ne peut pas en dire autant du découpage et de la narration, extrêmement cryptiques, pour ne pas dire bordéliques (sachant que la censure exercée sur certains passages osés du manga dans l'édition française n'aide certainement pas). Le tout a parfois des allures de brouillon pas encore tout à fait dégrossi.


Le dessin est extrêmement inégal, passant par tous les états possibles, de brillant à bâclé, d'une page, voire d'une case à l'autre. L'ensemble est également ponctué de multiples notes de bas de page, là aussi cryptiques, où l'auteur entend approfondir pour nous certains points de l'univers présenté (ce qui nous convainc sans peine de la profondeur de sa réflexion et de ses recherches...mais ne nous éclaire malheureusement pas vraiment sur les événements à l’œuvre dans le manga, comme si, en se focalisant sur le détail, l'auteur avait un peu délaissé l'essentiel).


On ne s'attache guère aux personnages, les plus intéressants et les plus drôles étant, sans aucun doute,...les mechas de compagnie/combat qui accompagnent la joyeuse équipe dans ses missions (protagonistes mécaniques d'ailleurs totalement effacés dans les films de Mamoru Oshii). Le ton est d'ailleurs, au passage, dans ce tome, beaucoup plus léger (et grivois par passages) que dans les films ultra-sérieux de Oshii. Mais encore une fois, j'aurais tendance à dire que ce fut un choix heureux pour le réalisateur de mettre de côté cet aspect comique, qui fait plus pour détourner le lecteur des enjeux principaux du manga qu'autre chose.


Bref, on parcourt ce manga sans déplaisir, mais celui-ci, malgré tout son charme (vraiment) vintage, a, à mes yeux, aujourd'hui plus un intérêt patrimonial (pour comprendre l'origine de l'adaptation filmique de Oshii) qu'un très grand intérêt en soi en 2019. Je lirai toutefois les tomes suivants, déjà empruntés à la bibliothèque, même si les différentes critiques lues laissent à penser que la qualité du manga va en se dégradant au fur et à mesure...


A noter que l'on retrouve, dès ce premier tome, les bases de ce qui constituera le point de départ des 2 films de Oshii sur la licence (les éboueurs du 1, et les poupées de compagnie du 2).


Tome 2 (8/10): La suite (et fin) des aventures communes de la major Kusanagi et de la section 9. A la fin de ce tome (qui conclut je l'imagine la première période du manga), la major se décide à fusionner avec le Puppet Master (ce qui correspond à la fin du premier film de Mamoru Oshii).


Le dessin et les scènes d'action m'ont semblé mieux tenus que dans le tome 1, l'ensemble moins bordélique et plus agréable à parcourir. Après, les tenants et motivations de l'action et des personnages restent toujours aussi cryptiques...Bref, les mêmes défauts (et qualités) que dans le tome 1 mais en moins accentué.


J'ai le tome 3 sous la main, et c'est là normalement que les choses devraient commencer à ce gâter et le manga décliner.

Tibulle85
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes lectures BD 2019

Créée

le 29 janv. 2019

Critique lue 135 fois

Tibulle85

Écrit par

Critique lue 135 fois

D'autres avis sur Ghost in the Shell, tome 1

Ghost in the Shell, tome 1
HBZ
10

le futur est là!

Bon, on va faire court: Pour moi, Shirow est le Jules Vernes du 21ème siècle! Ce prof de sociologie a dessinné 3 visions du futur et "ghost in the shell" me semble la plus probable des 3! Et pas que...

Par

le 1 avr. 2017

3

Du même critique

J'ai perdu mon corps
Tibulle85
9

Un pari remporté haut la main!

(Vu en avant-première au Forum des images) L'animation française m'étonnera encore et toujours en bien en pondant régulièrement des pépites à partir de budgets riquiqui (Tout en haut du monde, La...

le 5 juil. 2019

32 j'aime

Ces jours qui disparaissent
Tibulle85
5

Une BD "psychologique" longuette et au scénario assez faible.

Cette BD semble rencontrer son petit succès populaire et critique (autant qu'on peut en juger au doigt mouillé en se baladant sur le net). Cela peut déjà s'expliquer un peu superficiellement par une...

le 31 déc. 2017

22 j'aime

25

Made in Abyss
Tibulle85
5

Cette série aurait dû être un des plus grands animés d'aventure de tous les temps...

Si cette série s'était limitée à ses tous premiers épisodes (introduction de l'univers) et à ses trois derniers

le 9 janv. 2018

21 j'aime

25