L'enfer de Manhattan berce mon cœur de fan...

Inferno, le cross-over full Marvel avant l'heure. Certes, il était loin d'être parfait mais il avait des idées, un Clairemont à la barre, un Silvestri au dessin, des méchants déments et démons entre les seigneurs infernaux comme N'astirh, une Illyana corrompue, une reine Goblin terrifiante de puissance et un Sinister responsable en arrière-plan. De plus, Inferno se situe dans la droite continuité de l'excellente série Facteur-X et permet un bon en avant de fou pour les titres mutants. Entre le retour d'Archangel après sa terrible tragédie, le sauvetage de Nathan Summers, les retrouvailles des deux équipes et la conclusion des intrigues de Madelyne Prior, il y avait du lourd au programme.

J'aime Inferno, j'aime ces années 80 qui n'avaient pas encore sombré dans la médiocrité et la déchéance des mutants comme la décennie qui suivit, j'aime Secret Wars et son concept d'hommages aux grandes sagas. Encore faut-il un auteur compétent...

Hopeless assure heureusement. Sur House of M (son autre série Secret Wars), on sentait des maladresses malgré un ensemble sympathique. Le travail est davantage abouti ici et on retrouve un Hopeless en grande forme.

La première planche de chaque épisode vous replonge immédiatement à fond dans l'histoire, sans forcément resituer le contexte, mais simplement par une scène forte et bien racontée. La narration est solide tout au long de la mini-série, avec un premier épisode franchement impressionnant. D'entrée le contexte est posée et les personnages principaux caractérisés. Une ellipse puis on regarde une journée de la vie de Colossus, un dialogue d'équipe pour bien cerner les positions de chacun et l'action repart de plus belle...

Ce que je trouve très fort dans le travail d'Hopeless est sa capacité à condenser un cahier des charges dense en si peu d'épisodes. Il rend hommage à Inferno, utilise très intelligemment ET significativement le cadre Secret Wars, il innove sur l'histoire d'origine et fait bouger la nouvelle situation sans qu'on ait l'impression d'une histoire bâclée, d'une histoire inutile au principe aussi vite installé qu'annulé.
Je noterai également la longue tirade de Sinister très bien écrite. Hopeless y mélange des explications, de l'humour, du fun et de l'action. Que demande le peuple ?

Par contre, niveau graphisme il ne faut pas s'attendre à des folies. Certes, il fallait moderniser le dessin et le rendre moins sombre et ténébreux. Pour autant, le manque de précision n'était pas nécessaire et on sent des dessins assez grossiers, avec pour certains des designs qui perdent de leur superbe (le prince démon Havok fait très bof par rapport à la version de Silvestri, Madelyne Prior fait bien mois sexy, etc)

En conclusion, la meilleur mini-série des titres mutants au niveau du scénario et un pur bonheur pour les fans de l'event originelle. Les réinterprétions des personnages d'Inferno sont réussies, les nouveaux concepts apportés par Hopeless permettent à l'arc narratif de prendre son envol, accompagné par l'écriture de qualité de son scénariste. Je suis vraiment en confiance quant à son arrivée sur All New x-men dans l'univers à venir...