Je reprends ma critique à partir des deux derniers épisodes du tome 2. C'est à la fois la déchéance et le début de l'introspection pour Elektra. Attention je spoile énormément sur le déroulement des événements.


Pourtant tout commençait calmement. L'histoire nous montre une Elektra confiante, aux plans parfaits, qui navigue à travers le monde et les villes. On nous détaille minutieusement la chaîne d'organisation derrière son travail de tueuse à gage, les passeports, les rendez-vous, les contrats.
Et tout ça se casse la figure. Du jour au lendemain, les portes se ferment et ses contacts fuient la belle grecque comme la peste. Unemployed, au chômage sans explication.


L'héroïne perd complètement pied, son identité disparaît progressivement et la colère monte. Mais ce sentiment finit par disparaître également. Il ne reste qu'une sensation de manque, de vide absolu. Elle doit se battre, elle doit déchaîner sa violence. Le mur serein du premier arc de Rucka s'effrite et on prend conscience de la fragilité qu'abrite Elektra, de son incapacité à contrôler le feu qui l'anime, ce brasier qu'elle nourrit par du sang et des morts.


Elektra est une droguée. Elle se nourrit de violence et de sang, elle l'a toujours fait, quel que soit le prétendu camp qu'elle servait. L'état pitoyable auquel elle arrive rien que par l’absence de contrat et de cause est tout bonnement consternant. Elle devient un chien enragé traînant sa carcasse, détruisant les lieux qui font l'erreur de lui ouvrir leur porte. C'est stupéfiant, montrer avec talent par un Rucka qui laisse cette situation s'installer et se délecte de l'y avoir mis. A l'échelle des comics, ça dure presque une éternité, des mois à voir l’héroïne tomber en pièce, à assister à sa déchéance.


Derrière cet état de fait, deux hommes sont responsables. Jeremy Locke, un handicapé en fauteil roulant, et Philipe Carson son assistant formé à l'usage des armes feu. Locke a empêché tout contrat d'arriver à Elektra, et maintenant qu'elle est prête à être cueillie, il ramasse le fruit de son labeur. Ce n'est pas un plan sournois d'un ignoble adversaire. Non... il s'agit d'une victime d'Elektra qui ne cherche non pas la vengeance mais la vérité. La droguant pour la maintenir prisonnière, il lui montrera ce qu'elle est. Une tornade dévastatrice qui laisse une traînée de cadavres sur sa route, un être hors de l'humanité de par sa folie sanguinaire. Un être qui fait le mal, tout simplement par addiction à la violence. Et il relâchera...
S'en suit un périple dans le désert, le bout du chemin de sa déchéance, où le dessin jusqu'ici imparfait trouve à mon sens toute sa force, par ses traits aptes à présenter l'état psychologique de l'héroïne suite aux traumatismes, à la confrontation avec ses victimes et ses actes. La scène du serpent est terriblement fort, empreint d'un symbolisme puissant et d'une intensité certaine.


Une transition d'action brutale et une chasse à l'homme moins romanesque mais diablement efficace, la regardant du point de vue des militaires qui se font écraser un à un par cette tueuse de l'enfer aux portes de la mort, plus vénéneuse que jamais. Et Elektra tente de reprendre le dessus sur sa vie en revenant chez Locke saï au poing. Tension, sensualité et un dialogue juste à la conclusion particulièrement intéressante.


L'épisode 17 conclut l'album. Il est très beau. Graphiquement très réussi - typiquement dans le style que j'aime- mais également beau dans son message. Certes il suit une structure lisible mais bon sang je l'adore. C'est vraiment un tour de force de la part de Rucka de parvenir à caser sa vingtaine de pages dans un si petit espace. Mais il arrive et il rend ça passionnant de par sa description parfaite de l'héroïne, sans grand dialogue ni cases narratifs, juste des situations (l'ATR, la méditation, la peinture...) et des expressions (d'où l'importance du dessin!).


Voilà, avant il y avait Miller qui a marqué à jamais le personnage. Je trouve que Rucka est celui qui se l'est le mieux approprié par la suite, dans ce très bon run ou ailleurs comme sa version Ultimate. Il maîtrise vraiment le personnage et le tome en question est un délice. Direction la conclusion?

WeaponX
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Voyage à travers le 9ème art (2017)

Créée

le 13 janv. 2017

Critique lue 192 fois

WeaponX

Écrit par

Critique lue 192 fois

Du même critique

House of M
WeaponX
8

Wanda au pays des merveilles

Un crossover entre l'équipe des Astonishing x-men de Whedon et les New Avengers de Bendis, supervisé par ce dernier et dessiné par Coipel. Bref: House of M. Graphiquement, le dessinateur français...

le 22 juil. 2016

8 j'aime

4

Carnival Row
WeaponX
10

"You're so lost Philo..."

Amazon annonçait une série avec en tête d'affiche Orlando Bloom (l'un des trois acteurs dont je pourrais voir n'importe quel projet) et l'envoutante Cara Delevingne que j'apprécie à chaque film...

le 25 nov. 2019

7 j'aime

1