Après un premier album en tous points réussis, Brian Michael Bendis et Michael Avon Oeming remettent le couvert : Powers renoue avec les dialogues parfaitement ciselés et les intrigues super-héroïques étonnantes.


Dans le premier volume de Powers, Christian Walker vivait trois épreuves simultanées : l’arrivée d’une nouvelle coéquipière, la prise en charge d’une jeune otage et l’assassinat de la super-héroïne Retro Girl. C’est en collaboration avec la première et tout en se souciant de la seconde qu’il lui incombait de résoudre une affaire criminelle polarisant l’attention des médias et de leur public. Ce second volume vient prolonger ces arches à plus d’un titre. Les inspecteurs Walker et Pilgrim sont chargés d’enquêter sur un tueur en série se débarrassant de jeunes imitateurs de super-héros. La donne a d’ailleurs changé depuis le premier tome puisque désormais, le simple port d’un costume peut valoir au contrevenant des ennuis avec la police. Les premières planches de ce « Jeu de rôle » constituent elles aussi un clin d’œil : Christian Walker est accompagné dans son travail par un auteur de romans graphiques avec une soudaineté qui rappelle forcément l’introduction de l’agent Pilgrim. Ce duo dépareillé sera pour Brian Michael Bendis l’occasion de se prêter à plusieurs tirades incisives.


Toujours nanti de planches élaborées et d’une intensité remarquable, ce Powers second du nom nous plonge au cœur d’une intrigue surprenante. Des étudiants vivent par procuration l’existence des super-héros et vont payer de leur vie ce dangereux et chronophage fantasme. Pendant une enquête à multiples rebondissements, les inspecteurs Walker et Pilgrim vont apercevoir le désarroi que cette passion peut occasionner chez les proches des imitateurs, devenus les victimes d’un tueur mystérieux. Il faut y voir en creux l’intention de Brian Michael Bendis de dénoncer la société du spectacle et le vedettariat, mais aussi, probablement, la volonté de se pencher sur le besoin de sensations fortes. Le récit est maîtrisé de bout en bout, mis en images avec talent et il confirme tout le bien qu’on pouvait penser de cette série après un premier tome passionnant. Au rang des astuces, on retiendra des séries entières d’inserts (sur des mains ou des yeux), une fausse introduction sous forme de mise en abîme ou encore un arc consacré au super-vilain Johnny Royale. L’humour, toujours présent, vient alimenter des ruptures de ton pour le moins appréciables. Et à ce petit jeu, il suffit à Bendis et Oeming d’imaginer Walker taper sur un clavier d’ordinateur ou un adolescent répondre à son ami, qui lui a demandé pourquoi il n’achète pas leur BD : « J’irai voir le film. » Dans Powers, simplicité et hilarité marchent souvent de pair.


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Cultural_Mind
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le 9 mai 2020

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