Ne refait pas une "Watchmen" non plus...
Dire qu'il y a un avant et après "Watchmen" est une évidence. "Identity crisis" donne l'impression d'avoir voulu faire pareil : raconter une histoire sur des super-héros mythiques, presque divins, où ils descendraient de leur piédestal, non pas à cause de leurs vices et de leurs défauts, mais à cause de leur faiblesse inhérente à leur statut d'icône, à savoir leur famille.
Affaiblir les icônes, pourquoi pas, sauf qu'ici on ne touche pas véritablement aux miracles. Au contraire, on les anoblit un peu plus en leur donnant une fragilité qui n'est pas la leur, c'est à dire une fragilité qui est celle de ceux qui les accompagnent. Si les personnages de "Watchmen" devenaient des monstres humains, là quelques exactions peuvent prêter à réfléchir mais on ne remet jamais vraiment en question qui ils sont, "moralement".
Reste l'émotion que les auteurs parviennent brillamment à instiguer tout au long des pages : la mort de certains, la tragédie vécue, la monstruosité à fleur de peau, la colère et la rage, sans parler bien entendu des renvois faits aux passés des personnages. Accompagné d'un dessin remarquable de simplicité axé sur le ressenti, ce morceau de l'histoire de la Justice league est un gros blockbuster réalisé et porté de mains de maître par des auteur et illustrateur au sommet de leur art.
Reste que l'édition française ne fait pas mention de Michael Turner, illustrateur de génie des couvertures et décédé entre la fin de la série et la parution chez Urban comics...