(Spoilers galore, fuyez, yeux innocents !)
7,7 pour une des pires histoires jamais publiées par l'industrie du comic-book américain, je ne vous comprends pas.

L'histoire ? Elle commence comme un simple whodunit dans le landerneau des icônes à mâchoires serrées et à slips moulants par-dessus leurs collants (la Justice League, donc). Et elle finit en n'importe quoi s'enfonçant toujours plus dans le sordide et le bancal.
Sue Dibny, la compagne d'un super-héros de seconde zone qui se fait appeler Elongated Man, se fait tuer. S'ensuit une enquête policière menée par les super-héros, beaucoup de violence, de tics d'écriture irritants, un McGuffin difficilement digérable, et beaucoup de violence (bis).

Certains y ont vu un moyen très efficace de décaper les "mythes" des super-héros de DC Comics. Non, messieurs (mesdames ?) la complaisance dans la représentation de la violence par Meltzer n'est pas le prix à payer pour les décaper. D'aucuns ont fait beaucoup mieux sans recourir à des artifices nauséabonds, chez DC même, Darwyn Cooke a redéfini à merveille le mythe urbain des super-héros dans The New Frontier. Alan Moore a cherché à redéfinir des figures littéraires que l'on a longtemps acceptées comme inébranlables dans The League of Extraordinary Gentlemen, où la violence semble moins complaisante, offerte en pâture aux lecteurs pour bien insister que l'histoire est sombre, affreuse, terrible, de la souffrance, de la colère, de la haine, de la vengeance, du sang, de la mort.

Concernant l'aspect Cluedo du truc, le dénouement offert dans le #7 est merdique. (Je répète au cas où : SPOILERS) Où sont les indices, tout au long des six précédents numéros? Oh, vraiment, Jean Loring, dans l'appartement, avec un lance-flammes? Et c'était un accident? AVEC UN LANCE-FLAMMES?? Beaucoup de choses ne tiennent pas debout: Jean Loring sait utiliser le costume d'Atom, première nouvelle; d'ailleurs, Ray Palmer le laisse traîner dans l'appart, à côté du lance-flammes de Jean; les plus grands détectives du monde s'associent ensemble, ont accès à des instruments de recherche divins (littéralement), et Jean n'a laissé aucune trace, pas un cheveu, une peau morte, une trace de pas? Sûr, elle peut la jouer ninja au niveau subatomique, mais quand elle reprend sa taille normale, qu'en est-il, hmm? Et puis, un lance-flammes, ça laisse une odeur bien discernable, non?
Je n'ai pas compris non plus pourquoi Jean Loring est placée à Arkham une fois découverte, sous son propre nom. Un puits glauque de désespoir et d'horreur, où elle n'a absolument aucune chance d'aller mieux, et de grandes chances de se faire violer en groupe par le Joker, Two-Face et Killer-Croc. J'imagine que l'aspect grim'n'gritty n'avait pas été assez souligné jusqu'ici.

Pourtant, entre le viol de Sue, son massacre et celui de son enfant, le meurtre du père de Robin, la destruction systématique du personnage de Jean, on a été servis. Alors que rien de tout cela ne servait l'élément principal, celle de la lobotomie magique. Ce qui en fait un récit rien moins que répugnant, éthiquement parlant.

Je n'ai jamais discerné où se trouvait l'héroïsme dans cette histoire cynique. Quelque chose d'héroïque se passe dans Identity Crisis? On y voit ou y devine des viols, des meurtres, de la folie, de l'horreur, des individus qui se mentent à eux-mêmes, des secrets, des mensonges. C'est mal écrit - la tentative de Meltzer de rendre son histoire "réaliste", en rajoutant encore et encore du sang et des larmes pour faire son Watchmen, devient très vite horripilante, comme je l'ai déjà écrit quinze fois ci-dessus -, et pas vraiment bien dessiné - j'ai déjà vu Morales plus à l'aise dans la disposition symétrique des yeux. Et je ne pense pas que les personnages en présence en sortent grandis ou meilleurs.

Identity Crisis a été pour moi un des pires, si ce n'est le pire, comics que j'ai jamais lu(s).
SmartMartian
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le 29 mars 2013

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SmartMartian

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