Ce tome fait suite à Kick Ass: The new girl T02 (épisodes 7 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2019, écrits par Steve Niles, dessinés et encrés par Marcelo Frusin, avec une mise en couleurs réalisée par Sunny Gho. Il contient également les couvertures variantes réalisées par Chris Burnham, Bengal, Brendan McCarthy, André Lima Araújo.


Kick-Ass est en train de courir dans une ruelle pour essayer d'échapper à ses poursuivants qui sont en train de la canarder. Elle se demande ce qu'ils veulent et qui ils sont. Elle se retourne soudainement décoche une manchette dans la gorge de ce lui qui la suit, récupère son arme et abat le second. Elle décoche un coup de pied dans le ventre du troisième, mais reçoit un coup sur la tête par derrière. Elle s'enfuit en courant, tombe du toit, tire sur les 2 abrutis qui se sont penchés pour savoir où elle est tombée. Elle examine les cadavres : pas d'empreinte digitale, mais un tatouage au poignet. Alors qu'elle commence à marcher pour rentrer chez elle, elle reçoit un appel de Maurice sur son portable. Il veut la voir. Elle se rend dans sa chambre d'hôpital et il commence à lui expliquer qu'il sait. Leur conversation est interrompue par l'arrivée d'Edwina, la sœur de patience et la fiancée de Maurice. Patience est outrée et demande sèchement qui est en train de garder ses enfants à la maison. Edwina répond que Frankie (l'ex-mari de Patience) est arrivé et qu'il s'en occupe. Franchement en colère, Patience s'en va, rentre chez elle, vire son ex-mari de chez elle, et lui décoche un coup de poing dans la mâchoire suite à une remarque malvenue.


Patience rentre dans sa maison et explique sa conduite à ses enfants, quand tout à coup elle se rappelle qu'elle devrait être au travail. N'ayant pas d'autre moyen de garde, elle les emmène avec elle au diner où elle est serveuse. Son téléphone sonne à nouveau : c'est encore Maurice. Un autre client entre le diner : Coop, un vétéran comme Patience. Elle lui demande s'il veut bien emmener ses enfants chez elle et les coucher. Il accepte. Dans une hacienda à Conchos au Mexique, Mister Cortez reçoit le rapport de Medina : Hector Santos et Violencia sont morts, tués par Kick-Ass. Cortez donne l'ordre d'appeler Rosa, une assassine, pour qu'elle s'occupe de Kick-Ass définitivement. À l'hôpital d'Albuquerque au Nouveau Mexique, Kick-Ass entre dans la chambre d'hôpital de Maurice. La conversation interrompue plutôt dans la journée reprend : Maurice veut qu'elle s'occupe définitivement des frères Ivanov qui sont en train d'essayer d'annexer son territoire et il veut l'agent des différents trafics.


Le tome précédent constituait une histoire violente de règlements de compte, avec une héroïne dont il est sûr qu'elle triomphera sans y laisser trop de plumes, une histoire de construction classique, rapide et sans intellectualisation, avec des dessins soignés et compétents, complémentés par une mise en couleurs généreuse et appropriée. Le lecteur revient avec le même horizon d'attente pour ce deuxième tome réalisé par cette équipe créatrice. Steve Niles continue de mettre Patience Lee sur le grill, avec une réelle sensibilité pour montrer à quel point elle n'arrive pas à maîtriser les tuiles qui lui tombent dessus, et à quel point ça l'affecte dans sa vie privée. Elle doit se débattre avec les membres de son gang qui souhaitent continuer leurs trafics comme avant, avec Maurice qui lui fait du chantage car il connaît sa véritable identité, avec les mexicains qui comptent bien recommencer à vendre leur camelote sur ce qui est devenu son territoire, avec les russes qui entendent bien profiter de la position affaiblie des mexicains pour faire main basse sur leur territoire, sans compter ses difficultés pour faire garder ses enfants (et les protéger), aller bosser, suivre les cours du soir sans dormir, et prendre un peu de temps pour faire régner sa loi en tant que Kick-Ass. C'est dire si elle n'a pas de temps à consacrer à son ancien mari qui essaye de s'immiscer à nouveau dans la vie de ses enfants.


Pour faire bonne dose, le scénariste ajoute l'arrivée d'une nouvelle tueuse à gages. Le lecteur va donc en avoir pour son argent côté action : bagarre de rue, défouraillage à l'arme à feu, combat à l'arme blanche. Le lecteur ressent vite que Marcelo Frusin a pris plaisir à imaginer la mise à scène de ces combats, de sorte à ce que l'enchaînement des coups soit clair, et à ce que le découpage des planches accompagne les mouvements. Dans la première page, il utilise des cases de la largeur de la page coupées en biais pour que Kick-Ass ait la place de faire son mouvement et que l'œil du lecteur soit guidé vers l'impact. Par moment un membre d'un personnage dépasse de la case pour mettre en avant sa présence, ou la force du mouvement qui l'amène à sortir de la case. Il utilise également à bon escient la technique de la case en insert pour insister sur un impact, ou un mouvement discret. Lorsque Kick-Ass affronte Rose, l'artiste accole 3 cases successives montrant le poing de Kick-Ass s'écrasant à 3 reprises sur le visage de son ennemie, pour marquer le pilonnage. Il réalise également un ou deux dessins en double page pour réaliser une vue globale d'un carnage en règle.


Le niveau de violence du récit est rehaussé par des détails de nature diverse. En fait le premier affrontement dans la rue n'est ni sanglant ni gore. Le premier moment de violence intense survient en regardant le visage de Maurice dans son lit d'hôpital en train de jouir du sadisme que lui procure la sensation de dicter ses volontés à Patience qui n'a d'autre possibilité que de les exécuter à la lettre. Dans ce registre de violence psychologique, il faut voir la détresse du petit dealer chopé sur un trottoir, embarqué de force dans une camionnette et se retrouvant face à 8 flingues braqués sur lui, le sourire de Rosa quand elle s'apprête à se servir de ses machettes contre ses ennemis, ou encore l'impassibilité de Patience Lee quand elle tire à bout à portant, totalement dépourvue de la moindre once d'empathie. Au fur et à mesure des épisodes, le niveau de violence visuelle va en augmentant. Le lecteur marque un petit temps d'arrêt en voyant la dizaine de têtes coupées alignées un comptoir, avec des dégoulinures de sang et des traces de main ensanglantées, attestant de la lutte qui vient d'avoir lieu. Un peu plus tard, le visage tuméfié du cadavre d'un dealer ligoté sur une chaise dans une église évoque un tabassage en règle violent et efficace. L'impact des coups est renforcé par une mise en couleurs généralement sombre pour les scènes de combat, rehaussé par des couleurs psychédéliques à quelques moments bien choisis. Le lecteur finit par voir droit à un crâne fendu en 2 au sommet, par une lame bien acérée.


Marcelo Frusin et Sunny Gho adaptent leur narration visuelle pour les moments en civil. La mise en couleurs se fait plus naturaliste et les séquences se déroulent majoritairement de jour, apportant de la clarté dans le quotidien de Patience Lee. La direction d'acteur se fait également plus naturaliste, avec des gestes du quotidien, mesurés, des tenues vestimentaires adaptées et variés, des décors plausibles et normaux. Alors même que Niles ne donne pas de prénom aux 2 enfants de Patience Lee, ceux-ci sont habités par l'énergie et la franchise de l'enfance, grâce à des dessins vivants. Quand Patience farfouille dans sa commode pour y chercher son masque, le lecteur partage un moment d'intimité auquel il ne s'attendait pas : la pénombre de sa chambre, les quelques produits de beauté sur la tablette, le geste précautionneux pour prendre la cagoule, etc. De temps à autre, l'artiste dessine des yeux un tout petit peu trop grand ce qui donne un air bizarre au personnage, mais le plus souvent les expressions de visage transmettent bien l'état d'esprit du personnage. Par exemple, le lecteur sourit devant le regard excédé et lassé de Patience dans la chambre d'hôpital quand Maurice évoque le fait qu'elle doit se rabibocher avec sa sœur Edwina.


Le lecteur retrouve avec plaisir Patience Lee et sa position aussi intenable qu'instable. Il s'amuse vite au nombre de contraintes avec lesquelles elle doit jongler, et sa volonté de s'en tenir à une ligne de conduite morale, en particulier en continuant à aller travailler et en s'occupant de ses enfants. Il comprend vite que Steve Niles a chargé la barque au-delà du réaliste ou du plausible : il faudrait 2 ou 3 personnes par jour pour pouvoir faire tout ce que s'est fixé Patience Lee. De même, il voit bien que Marcelo Frusin ne prend pas ces aventures qu'au premier degré, et qu'il en rajoute parfois dans les scènes d'action pour aller vers le grotesque, sans pour autant se moquer du premier degré. Arrivé à la moitié du tome, le lecteur éprouve une impression fugace : Patience Lee se tire quand même assez facilement de chaque situation. Il semble que Steve Niles enchaîne les péripéties et les dangers avec une pointe de désinvolture. Par exemple le combat tant attendu entre Kick-Ass et rosa ne dure que 6 pages : ça fait un peu court et son déroulement s'achève sur une facilité cliché.


Ce troisième tome continue dans la droite lignée du précédent, réalisé par les mêmes créateurs. Le lecteur se plonge avec plaisir dans les tribulations de Patience Lee, appréciant une narration visuelle fluide et bien dosée, une violence vive et efficace, avec une pointe de gore, et une forme de sadisme psychologique qui ne vire jamais à la méchanceté gratuite. Au bout de quelques épisodes, le lecteur se rend compte que les auteurs prennent ces péripéties avec une pointe de légèreté ce qui mine quelque peu l'intensité de la narration et peut occasionner une baisse de son intérêt.

Presence
6
Écrit par

Créée

le 14 mars 2020

Critique lue 133 fois

Presence

Écrit par

Critique lue 133 fois

Du même critique

La Nuit
Presence
9

Viscéral, expérience de lecture totale

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, initialement publiée en 1976, après une sérialisation dans le mensuel Rock & Folk. Elle a été entièrement réalisée par Philippe Druillet, scénario,...

le 9 févr. 2019

10 j'aime