Joe est un voleur hors pair, capable de crocheter n'importe quel serrure. Il a quitté King City pour suivre une formation afin de devenir maitre chat. Ces personnes faisant équipe avec un chat (ou autre animal) peuvent grâce à une injection de « jus de chat » faire faire à peu près tout et n'importe quoi à leur animal. Joe va retourner dans la fameuse cité suite à un contrat qui l'amènera à travailler pour une femme plutôt mystérieuse. Son pote Pete, inventeur de génie, multiplie les boulots pour les malfrats du club des rackets. Anna, l'Ex (oui avec un grand E vous aurez compris la place qu'elle occupe dans la vie du héros) de Joe, s'est amouraché d'un ancien soldat devenu junkie afin d'enfouir les souvenir de la guerre de Corée ( dans ce monde la guerre de Corée opposait les Américains à une armée de Zombie). Voilà les trois personnages que le lecteur va suivre dans ce comics.
La ville est une cité habité par les gangs, espions, assassins et criminels en tous genre. Un gang, « les hiboux » a pris beaucoup d'ampleur depuis que Joe est parti. Une mystérieuse affaire se trame sous les yeux de Joe et Pete. Voilà pour ce qui est de l'intrigue.
Vous l'aurez compris, l'univers est un peu barré. Dans ce monde, des hôtels à espions sont gérés par des sasquatchs. La drogue consommé par Max s'appelle La Craie et plus il devient dépendant plus il se transforme lui même en craie. Des boissons ont un nom qui permet d'identifier leur saveur (la victoire est douce par exemple). Mais l'essentiel du coté absurde/fantasque sera assuré par le chat véritable génie et pouvant adopter toutes les fonctions (chat parachute, chat périscope, chat médecin légiste).
Les dialogues donnent le ton d'un univers. Ici, le phrasé est très .... stade anal. Ce qui n'est pas pour me déplaire, éternel adolescent que je suis. Le langage employé est peu châtié, petit exemple : «Mon nom est Joe. J'allège les coffres et mon nez », j'avoue ce jeu de mot m'a fait rire. Les dialogues sont très « nature » et cela colle parfaitement à cet univers. Attention ce n'est pas parce que les dialogues ne volent pas haut que le contenu n'en est pas intéressant. Les interactions entre les personnages n'en sont que plus naturel et participent grandement à donner cette ambiance déjantée.
Passons à l'aspect graphique. Je sais que la plupart des gens identifie King City comme étant un manga. Ils ont tord ! Et le tord tue.... ou au moins pensait lire un manga quand on ouvre King City peut participer à déprécier l'aspect graphique très réussi. Brandon Scott Graham fait parti de cette génération de dessinateur américain qui a su s'ouvrir à tout les univers graphiques qu'il a pu observer. Et sur ce point Graham a réussi bien mieux que quiconque a absorber toutes ces influences pour obtenir ce style. On ressent bien sur l'influence du comics, pour le rythme, le découpage (Aux états-unis il est édité par Image et sort en mensuel de 32 pages). L'influence du manga dans le mouvement particulierement lors des batailles ou des expressions du chat. Mais il est aussi marqué fortement par Moebius (sur certaines cases c'est juste du plagiat) et surtout par le street art, cela se ressent dans les décors, dans les personnages tout en courbe.
Personnellement, King City m'a tout de suite plût avec ses blagues scatophiles, son univers absurdes et ce chat véritable anneau de green lantern (Graham dans la postface dit justement qu'il imaginait les maitres chats comme les green lanterns de son monde). Mais par dessus tout, King City m'a conquis avec le style de Graham. Avoir aussi bien réussi à canaliser toutes ses influences de notre génération m'a bluffé. Et pour vous motiver, sachez que (normalement) King City devrait être une histoire en seulement deux tome, on est définitivement loin des mangas (big up pour le numéro 54 de One Piece).
