Quand on apprend que le dessinateur Guarnido, qui nous livre dans le même temps l'une des sagas de polar BD la mieux foutue de cette décennie, a travaillé en tant qu'animateur chez Disney, on ne peut que lâcher un sourire en coin. Parce que l'univers d'animaux anthropomorphes fleurant bon le polar noir et l'Amérique des années 50 est effectivement très "Disneyéen" dans ses faciès qui arpentent ses cases. C'est en cela que beaucoup apprécie Blacksad, grâce à un travail d'ambiance extrêmement bien foutue, où chaque case est remplies de pléthore de détails sublimés par la peinture et où chaque visage débordent d'expression et délivre une foule d'informations en à peine un coup d'œil. Si l'on ajoute à cela cet amour inconsidéré pour la culture polar/policier qui émane de chaque case, couplée à un montage cinématographique rythmé qui fait que l'on dévore un tome en à peine vingt minutes, on se rend compte d'à quel point cette saga est une référence indispensable à tout amoureux de bande dessinée. À eux deux, le scénariste Canales et Guarnido dépoussière les plus grands maux de l'Amérique, allant du racisme jusqu'à la chasse aux communistes, de la peur de l'arme atomique jusqu'à la corruption judiciaire, et dépeigne un portrait fort peu flatteur mais Ô combien réel.
Quatrième volume des aventures de Blacksad, et cette fois c'est une plongée dans la Nouvelle Orléans, terre du blues, et dans la drogue. Cette fois ci, la patte graphique est bien plus lumineuse et offre son lot de scènes psychédéliques absolument jouissives via une palette de couleurs constrastant complètement avec le ton des derniers volumes. L'arrivée mystérieuse d'un ange gardien amène un possible fil rouge pour le prochain tome, et Weekly s'offre quelques scènes humoristiques au milieu d'une enquête sur la mort d'un membre de groupe de musiciens blues au talent indéniable. Une ambiance lourde pèse sur la Nouvelle Orléans, et les masques n'attendaient que l'arrivée de Blacksad pour tomber.