Après Rob-Vel et Jijé, c’est au tour de Franquin de reprendre le personnage phare des éditions Dupuis, pour livrer sa propre version de Spirou. D’abord dans une histoire courte d’une douzaine de planches, Le Tank ; puis dans la première intrigue longue signée par Franquin, L’Héritage.

Le Tank, c’est un coup d’essai, Franquin prend ses marques : le scénario est archi-classique, avec quelques gags bien comiques et le renfort des Amis de Spirou, tous ces gamins lecteurs assidus des aventures du petit groom. Ici Franquin apprend à manier ses deux nouveaux héros : attitudes, expressions, mouvements, tout y passe, et il essaie à peu près tout. La perspective et les angles de vue ne sont pas très travaillés, on mise tout sur la lisibilité de l’intrigue. Et la faiblesse des décors en vert, gris ou bleu, rappelle que Franquin doit alors produire une page par semaine, et qu'il ne s’embarrasse pas des détails.
Malgré tout cette histoire courte est amusante, bien ficelée, et elle surpasse même sur pas mal de plans les aventures signées Rob-Vel. Un essai concluant ! La preuve, on lui commande bientôt une intrigue longue...

Avec L’Héritage, Franquin se frotte à l’histoire longue (plus de trente planches !). Mais on peut lui faire confiance : ça commence comme une banale aventure de cette époque, ça ressemble à une série de péripéties un peu loufoques ... mais il y a ce petit plus qui fait que Franquin se hisse au-dessus de la mêlée !
Les trognes des personnages sont géniales, les personnages secondaires sont inoubliables les expressions de Spirou et Fantasio sont réussies, c'est absurde juste ce qu'il faut, et même les rebondissements de l’intrigue sont assez bien conçus pour l’époque. Et la pépite qui ne gâche rien : malgré une mise en scène sobre et simple tout du long, Franquin s’autorise l’expérimentation dans les dernières planches, où il adopte une perspective complètement inédite en vue du dessus, à laquelle il rajoute en plus un jeu d’ombres vraiment abouti. Des dessins époustouflants pour la BD européenne de l’époque, alors à peine balbutiante !

Il n’y a pas à tortiller : si Rob-Vel et Jijé ont rendu le petit groom populaire, c’est sous le crayon de Franquin que Spirou acquiert ses authentiques lettres de noblesse. Quand on relit ces deux premières histoires, on comprend mieux pourquoi.
Wakapou
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le 25 août 2013

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