L'enfant s'appelle Etoile, il dort souvent sous les étoiles du ciel, il perd sa demi-étoile, part à sa recherche en suivant une lumière à l'aspect d'étoile... L'étoile est donc un enjeu majeur, comparable à l'âme soeur ou à la réalisation de soi.
La tendresse et la simplicité de Papa Zingaro, à qui son fils adoptif est obligé d'apprendre à lire, et qui a peur seul sous l'orage, renvoient à la solidarité des différents âges entre eux, et soulignent la permanence de l'âme enfantine chez l'adulte. Le Géant Constantin, pour le première fois, dit quelque chose, mais seulement des poésies. Willy et Willy renforcent leur dualité clonale en s'affrontant sur le mode de la polémique sur tout sujet qui vient à être débattu. Quant à l'homme-chien, il a perdu sa beauté, mais la bonté qu'il montre pour Etoile va le transformer...
Le sentiment de communion de la nature est puissant: nuits dans la campagne, dans la forêt, orage, étang profond recelant des merveilles, étendues démesurées parcourues par l'homme-chien, autonomie alimentaire trouvée dans la nature (omelette aux jonquilles...), tout ceci est en harmonie avec le regard d'un enfant qui accorde au monde une confiance spontanée, et qui pense que le monde est bienveillant envers lui. Le passage à l'âge adulte du jeune lecteur risque d'être de plus en plus dur dans les années que nous vivons...
La recherche graphique est toujours raffinée: traits simples, distordus, étirés, penchés comme dans un rêve indistinct, masques poétiques et clownesques des personnages, belle galerie de dessins oniriques planches 12 et 13... L'hommage à Fred se précise: on voit Philémon (le héros du "A" de Fred) représenté dans les pages de garde.
Toujours charmant. Si l'on a raté le passage à l'âge adulte seulement.