Un parfum de scandale

A la lecture de l'album, on comprend pourquoi celui-ci semble avoir autant divisé.
Il faut dire que le sujet est difficile , assez peu (voir jamais) traité.
A chaque fois qu'un auteur aborde ce genre de sujet ( ici, un inceste consenti entre un frère et une sœur ), on se demande ce qui l'a poussé à écrire dessus (et Zidrou joue encore plus avec ce questionnement en dédicaçant ce livre à sa sœur avec beaucoup de second degré) ? Pourquoi écrire une histoire aussi casse gueule , aussi sujette à polémique et qui risque de déplaire à de nombreux lecteurs ?
La réponse est simple : un auteur se doit d'écrire sur tout, de ne jamais ignorer aucun sujet quitte à provoquer des sentiments contradictoire chez son lectorat.
L'amour a plusieurs facettes : de belles histoires et d'autres plus douloureuses et amorales.

Mal à l'aise , je l'ai été à la lecture de l'album.
Habituellement, ce que j'aime chez Zidrou, c'est que je peux me mettre à la place de ses personnages, je me reconnais en eux, ils me touchent.
Ici, forcement, ce n'est pas le cas .
Non seulement, ils ne me touchent pas mais en plus je ne les comprends pas.

Mais je crois que c'est là toute la force de ce récit.
Zidrou ne demande pas à ce qu'on les comprenne et encore moins qu'on les juge.
Il nous met en scène un frère et une sœur perdu, qui essaient de lutter contre des sentiments amoraux.
Ils sont en quelque sorte brisés et on sent toutes leurs difficultés (notamment pour le frère) de lutter contre ses sentiments (au détriment de son beau frère et de son neveu et sa nièce), un amour impossible qui ne peut qu'avoir qu'une seule finalité.
Comme souvent avec l'auteur, l'écriture est tout en finesse et il réussi à éviter l'excès : la situation est dramatique mais elle ne vire jamais au drame.

Côté dessin, Zidrou retrouve son compère de Beau voyage , Benoît Springer.
Je suis toujours un peu déçu de l'évolution qu'a pris le travail de Springer.
Lui que j'adorais tant à une époque, a maintenant un dessin toujours aussi maîtrisé mais plus simple, réaliste et au final assez commun.
Ce dessinateur est bourré de talent mais il ne nous le montre pas forcement (certain trouveront que cela fait parti de son génie, moi, je suis un plus sceptique).
De plus, j'ai trouvé que les couleurs de Severine Lambour étaient un peu trop "lourdes" pour son trait.
Attention, ça reste de qualité mais il est vrai que quand on aime des auteurs, on leur en demande toujours un peu plus qu'aux autres.

L'indivision est album qui ne peut pas laisser indiffèrent.
Quoiqu'on pense de cette idée, Zidrou prouve que la bd peut aussi aborder ce genre de sujet.
Est ce réussi ? Dans l'ensemble plutôt
Est ce touchant ou bouleversant ? Malheureusement, non