Sous un air de Bizet

De retour de Chine, Tintin apprend en étant dans son domicile le vol d'un fétiche qui a été remplacé par une copie. Un sculpteur a été victime d'un crime et deux mystérieux individus comme le jeune reporter sont à la recherche du même fétiche.

L'enquête de Tintin va le conduire en Amérique du Sud où il devient aide de camp d'un dirigeant : le général Alcazar. Confronté au duo de malfaiteurs et à des hommes d'affaires peu scrupuleux dont un certain Mr Chicklets qui va le faire accuser d'espionnage Tintin prend la décision de se rendre chez les Arumbayas, civilisation amazonienne pour continuer son enquête.

Hergé à travers des éléments empruntés à l'Opéra Carmen de Bizet aura écrit un récit assez sombre et teinté de mystère et on est tenu en haleine tout au long de celui-ci. On notera une découverte de l'Amérique du Sud avec beaucoup d'instabilité politique et la guerre du Gran Chaco sans oublier l'Amazonie.

C'est dans cet album qu'on découvre le domicile du jeune reporter et le décor de son appartement avec un souvenir du Lotus Bleu : le vase de Mr Mitsuhirato. C'est l'unique récit où on le voit prendre son bain.

Hergé pour le musée ethnographique a reproduit des objets existants et on peut l'apercevoir au musée à la première page.... tout comme le Consul de Poldevie.

Après Tintin au Congo, l'auteur n'hésite pas à donner un rôle à un perroquet qui sert de témoin. Un album à part mais qui pour l'époque fut une grande réussite avec un scénario très travaillé et où l'actualité en Amérique du Sud est mise en valeur.

N'oublions pas des personnages hauts en couleurs, que ce soit le Colonel Ronchon, le savant qui parle au perroquet qui fait penser au futur professeur Tournesol, le général Alcazar, le caporal Diaz, les Arumbayas et Ridgewell sans oublier un méchant maladroit qui n'est autre que Ramon Bada.

Après avoir donné un statut de faux officier dans le lotus bleu lorsque Tintin se déguise pour entrer dans Shanghai Hergé lui donne cette fois ci un statut de véritable colonel qui perdra sa fonction par la faute de Mr Chicklets.

Le personnage de Basile Bazaroff a droit à une page entière où il voyage entre le San Theodoros et le Nuevo Rico. Les dessins tout en étant anciens sont réussis. On notera à travers Mr Chicklets une certaine élégance et une caricature de Groucho Marx.

Un album qui mérite largement une lecture même si on peut être amené au début du récit de ne pas voir Tintin quitter le paquebot en provenance de Shanghai.

Cependant le récit comprend un scénario digne d'un roman noir à travers le personnage de Tortilla et du duo Alonzo Ramon. On voit les deux bandits entrer dans l'appartement de Tintin en pleine nuit et plus tard faire de même avec Tortilla dans sa cabine à bord du navire qui les emmène en Amérique du Sud. Notons que Tintin échappe à trois condamnations à mort in extremis, que ce soit suite au contenu de sa valise, suite à une accusation d'espionnage ou au Nuevo Rico où il saute d'un camion en sachant qu'il risque d'être fusillé pour avoir forcé un barrage de frontière à bord d'une auto mitrailleuse.

On notera que le séjour chez les Arumbayas constitue une forme de pause contrastant avec la course poursuite à travers le San Theodoros et le Nuevo Rico où Tintin en forçant un barrage déclenche dans sa fuite le conflit entre les deux pays qui fait référence à la guerre du Grand Chaco entre le Paraguay et la Bolivie. On notera un décor très verdoyant lorsque Tintin est parmi les Arumbayas.

Un album à ne pas manquer !