Quand un vol de fétiche entraîne un long voyage !

Un vol de fétiche a lieu et a été remplacé par une copie. Tintin va mener une enquête qui va le conduire en Amérique du Sud au San Theodoros. Le reporter aura affaire à deux hommes qui veulent s'emparer du fétiche et qui lui mèneront la vie dure. Suite à un changement de gouvernement Tintin échappe in extremis à une exécution et est nommé Colonel aide de camp du général Alcazar qu'il rencontre pour la première fois.

Voilà qu'un magnat de pétrole suite à un désaccord veut se débarrasser de Tintin avec l'accord de Basile Bazaroff de passage en Amérique du Sud pour vendre des armes, ce qui va entraîner après une condamnation à mort la fuite en direction de l'état voisin du Nuevo Rico puis déclencher une guerre entre les deux pays.

Tintin se rendra chez les Arumbayas afin d'avoir des informations quant au fétiche avant de revenir en Europe.

On a droit à un récit assez noir avec des personnages qui trouvent la mort et Tintin qui échappe à trois reprises in extremis à la peine de mort, que ce soit suite à une accusation de terrorisme, pour une histoire d'espionnage montée de toute pièce par MM Chicklets et Bazaroff pour inciter le général Alcazar à faire arrêter Tintin ou pour avoir forcé un barrage de frontière à bord d'une auto mitrailleuse.

Les dessins sont assez bien conçus avec d'excellents décors... même si on encore loin de ceux des sept boules de cristal. Remarquons la visite au musée ethnographique où on peut voir Hergé parmi les statues polychromes et un homme attiré par le fétiche arumbaya..... sans oublier le Consul de Poldevie apparu dans le Lotus Bleu.

On notera une assez bonne maîtrise des décors chez les Arumbayas qui hormis leur sorcier sont sympathiques et la présence d'un explorateur britannique au sein de la tribu. On a droit à un récit en boucle vu que le véritable fétiche n'a jamais quitté l'Europe.

Une aventure mouvementée avec les dessins en noir et blanc et quelques hors textes en couleurs où on note un hommage à un célèbre opéra de Bizet fredonné par le gardien du musée et la présence d'un perroquet. On découvrira à partir de ce récit l'adresse de Tintin avec le vase ayant appartenu à Monsieur Mitsuhirato et une vignette montrant Tintin en train de prendre son bain. On remarquera que la radio est très présente dans le récit que ce soit durant le bain du jeune reporter ou durant le voyage du retour.

Notons que le conflit entre les deux pays imaginaires n'est autre que celui du Gran Chaco appelé Gran Chapo dans l'album entre le Paraguay et la Bolivie.

Hergé à travers le récit rompt avec la diptyque Cigares du Pharaon / Lotus Bleu et conçoit une aventure lointaine pour la première fois dans l'hémisphère sud. Il ne s'agit plus d'une lutte contre un trafic de stupéfiants mais d'un récit où Tintin sera confronté à de nombreux événements politiques.

Hergé nous fait découvrir à partir de ce récit deux pays imaginaires que sont le San Théodoros et le Nuevo Rico qui contrairement à son voisin ne sera pas cité dans d'autres aventures du jeune reporter.

Cependant il n'y aura aucune information touristique concernant ces états contrairement à ce qui se passera dans le sceptre d'Ottokar en Syldavie ce qui fait qu'on ne sache pas grand chose.

La partie se déroulant chez les Arumbayas contraste avec le reste du récit et constitue pour Tintin une forme de pause après avoir été confronté à des situations tendues. Le personnage de Ridgewell inspiré d'un explorateur ayant existé nous fait comprendre que la société moderne ne constitue guère une référence ce qui explique sa décision de vivre avec les Amérindiens.

Le duo Alonzo Ramon est assez réussi et on notera que le premier est assez énergique et réfléchi contrairement à son complice qui est un lanceur de poignards maladroit mais dont on appréciera son accent espagnol.

Un album à savourer sans modération !