La cité de plomb

Sur la lancée d'un précédent opus au scénario plus astucieux, ce nouveau titre de Bruno Brazil propose une intrigue très bondienne qui fonctionne impeccablement. Une attaque à ultrasons paralyse toute une ville pour qu'une organisation criminelle la pille. Le contexte qui permet à l'équipe de se trouver sur les lieux sans avoir été impactée est tiré par les cheveux mais la suite ne manque pas d'ingéniosité. Mené tambour battant, le récit file à toute allure, échappant à tous les pas de côté qu'on peut parfois trouver dans ce genre d'aventures. S'il manque peut-être un brin d'intensité, le résultat est diablement efficace.

L'ambiance de l'album y est pour beaucoup. Dans la droite ligne des récits paranoïaques américains, la déshumanisation de la ville est impeccablement rendue. L'homme est endormi mais quelques machines tournent encore à vide, à l'image d'une voiture que l'équipe se charge d'éteindre. On pense au Survivant de Boris Sagal, sorti l'année précédente au cinéma, et à Charlton Heston errant dans une ville dévastée par une guerre chimique. Et quand l'homme apparaît dans ce monde sans âme, il n'est intéressé que par l'argent qui dort dans les caisses. La révélation du responsable de ce drôle de casse est décevante, mais elle ne gâche pas le plaisir de la lecture. Après tout, à chaque héros sa Némésis.

Si le dessin de William Vance est toujours aussi précis, l'opus est, en revanche, moins riche en trouvailles et nouveautés visuelles par rapport au précédent épisode qui semblait ouvrir de nouvelles perspectives. Il faudra ainsi attendre les prochains albums pour voir le dessinateur s'aventurer dans des vignettes novatrices. Cela fait de ce titre peut-être une force en moins par rapport au précédent. Le récit, en revanche, est tenu presque jusqu'au bout avec un dénouement moins bâclé que le précédent. De la vraie bonne BD d'aventures et d'action, idéale pour des adolescents qui souhaitent s'aventurer au-delà de la ligne claire.