Evil Empire, le premier tome, a été une incroyable découverte, un véritable coup de cœur ! A travers son intrigue politique, Max Bemis nous montre comment nous avons sombré dans le chaos. Car si, d’habitude, dans ce genre de récit, on nous propose de suivre des hommes et femmes faisant tout leur possible pour renverser un empire du mal, ici nous savons comment cela se termine, puisque le scénariste nous a présenté l’avenir. Dans Evil Empire nous assistons à la naissance du mal et du chaos, tout en sachant qu’on n’assistera à aucun moment à un retournement de situation ! L’histoire est déjà écrite, nous ne faisons que d’y assister !


Comment un avenir apocalyptique pourrait-il prendre sa source dans l’instant présent ?
L’opinion publique américaine est sens dessus dessous. Des suites d’un simple événement, le pays se retrouve déchiré dans un débat sur le sens du bien et du mal, et Reese Greenwood ne compte pas se taire face à ce peuple qui soutient les idées d’un homme fou. Mais jusqu’à quel point les gens sont-ils capables de prendre position pour ce qu’ils croient ?
À travers les yeux d’une rappeuse underground en proie à un saut de conscience, Max Bemis explore les dérives de la politique pour nous conter l’évolution d’une société sombrant peu à peu dans un empire du mal. Une fable politique qui se révèle pour le moins crédible lorsqu’on voit qu’une personnalité controversée comme Donald Trump a pu monopoliser le débat aux États-Unis...
Les récits d’anticipation nous décrivent généralement des dictatures déjà en place, où le héros a pour mission de ramener la paix et l’ordre. Max Bemis (Say Anything, Polarity) propose une expérience différente mais pas moins terrifiante avec l’aide de ses complices dessinateurs Joe Eisma et Andrea Mutti.
(Contient les épisodes #5 à 8)


Quel claque, quel rebondissement, quel cliff de fin pour ce premier tome. Alors que nous prenions Sam Duggins pour un chic type, pour le sauveur des Etats-Unis, pour la meilleure réponse à cet ignoble Kenneth Laramy, nous découvrons avec horreur que ce dernier n’est qu’un enfant de cœur à côté de Duggins. Alors qu’il est élu président des Etats-Unis, c’est Sam Duggins qui est à l’origine de l’Empire du Mal. C’est lui qui fait des mots « liberté de choix » les pierres angulaires de la constitution. Chacun est libre de faire ce qu’il veut, de tuer, de violer sans ne rien craindre en retour, si ce n’est la vengeance de la, ou les personnes lésées ! Duggins peut ainsi révéler sa relation avec sa sœur et même se marier !


Dans ce deuxième tome, pas de bond dans le futur, nous savons quel est l’aboutissement des événements présents. Nous ne pouvons qu’insister, horrifiés, à cette lente descente aux enfers de l’Humanité. Les Etats-Unis ne sont qu’une première marche par le couple Duggins. Et les choses ne vont qu’en s’empirant, qu’en tombant toujours un plus loin dans l’horreur et le malsain.
Non seulement, nous savons parfaitement qu’ils parviendront à leurs fins, mais à chaque fois qu’un obstacle se présente au couple Duggins, chaque fois que l’on se dit qu’ils vont être dans la panade, on découvre qu’ils ont toujours plusieurs coups d’avance sur tous les autres…


Cependant, une sorte de rébellion se met en place (le mot est plus que juste tant les références à Star Wars sont nombreuses dans la bouche du couple présidentiel), avec Reese Greenwood à sa tête. Si les intentions sont là, si les idées le sont aussi, c’est tout ce qu’il y a. Plus les pages défilent, plus le temps passe et plus on assiste impuissant, résigné au déclin de l’Humanité, à sa régression au stade d’animal.


Si nous sommes en droit de penser qu’on est loin, très loin de nous diriger vers un tel chaos, Max Bemis nous pousse néanmoins à nous interroger jusqu’où nous sommes prêts à aller pour nous sentir bien. Quelles sont les limites de nos libertés ? Les pulsions de l’être humain sont bien souvent morbides et souvent le goût, l’envie de vengeance peut pousser un homme à agir de la pire des façons. Que ferions-nous si de tels actes étaient non pas pardonnés mais cautionnés ? Je suis sûr, que certains y verraient une vraie liberté. Cela me glace le sang.
Et bien souvent, le mal appelle le mal. La meilleure personne peut devenir un monstre à cause du mal qui lui est fait ! Il suffit de regarder le premier chapitre de ce tome, un chapitre véritablement malsain et lourd sur la relation et l’évolution d’un psychopathe et de sa proie.


Graphiquement, je réalise qu’Andrea Mutti est le dessinateur principal au final. Si le dessinateur italien n’est pas mauvais bien au contraire, ses traits sont souvent floues, brouillons. Et à la limite heureusement, cela attenu la violence que l’on peut vivre dans cet ouvrage. Joe Eisma qui signe le premier épisode est dans un style plus concret et cela fait vivre l’horreur des actes des gens de façon plus réelle.


Bref, ce deuxième tome d’Evil Empire confirme tout le bien que j’en pensais après le premier. Max Bemis est un excellent scénariste qui nous envoie tout droit en enfer. Nous assistons à des choses incroyables, malsaines, terribles, mais le pire dans tout cela, c’est que ça ne s’améliora jamais, cela ne va qu’empirer !

Romain_Bouvet
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le 8 sept. 2016

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Romain Bouvet

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