J’avoue que ça me fait plaisir de retrouver enfin un album qui a de la gueule concernant cette saga.
Après deux tomes qui ne m’ont que moyennement convaincu, je commençais à devenir sceptique quant à la capacité de Benoît Sokal à se renouveler dans son univers désabusé.
Pourtant je dois bien reconnaître que rien ne semble bien nouveau dans les ingrédients ici utilisés : les personnages usés, aux illusions broyées, confrontés qu’ils sont à leur propre vacuité humaine.
Mais pour le coup c’est le cheminement qui fait mouche.
Optant pour l’atmosphère des road movies désenchantés du cinéma américain (moi ça m’a fait penser au « U-Turn » d’Oliver Stone »), les premières pages plantent tout de suite le décor.
Et même si les péripéties n’ont rien de véritablement originales, au moins l’enchaînement a le mérite d’être rapide, dense et surtout très signifiant sur ce que cela dit des personnages.
Pour le coup, l’exécution est très efficace et – chose qui n’est pas toujours acquise dans les Canardo – les dernières pages parviennent à conclure cette aventure pile sur la note qu’il faut pour acter cette mélancolie propre à cette saga.
Dans l’ensemble d’ailleurs, cette « Fille qui rêvait d’horizon » en devient même une très belle illustration de ce qu’est « l’esprit Canardo ».
En cela le dessin de Pascal Regnauld sait à la fois se faire fidèle au style de précédent tome mais il a aussi le mérite de rompre avec le dépouillement dans lequel Sokal avait fini par tomber lors des derniers albums.
Alors certes, ce n’est pas du Rosinski non plus, mais au moins on parvient à conserver une certaine simplicité, avec des lignes assez claires dans l’ensemble, mais non sans y associer pas mal de détails et un jeu assez subtil de couleurs nuancées.
Au final, voilà un album de « Canardo » comme il en faudrait plus souvent : une identité forte, une atmosphère cohérente et un cheminement complet et efficace.
Un vrai plaisir me concernant…