Picsou au zénith

Picsou et consorts ont accompagné l'enfance d'un grand nombre de gamins mais rare furent les productions d'une qualité aussi exceptionnelle que ceux réalisés par Don Rosa. Quand pour la première fois j'ai ouvert ce volume j'ai tout simplement redécouvert Picsou sous une forme et un fond absolument incroyables!

Ce qui saute aux yeux en premier c'est le dessin ; fouillé, soigné jusqu'à la maniaquerie et fourmillant littéralement de petits détails humoristiques. Chaque case mérite qu'on s'y attarde. On n'est pas face un remplissage rapide mais davantage dans un grand délire personnel dans lequel le dessinateur s'est amusé à garnir ses images de clins d'oeil, comme s'il se délectait par avance des sourires des lecteurs. En somme cela fleure bon le plaisir, la passion.

Dans le texte maintenant et en ce qui concerne la narration on ne peut qu'être estomaqué des références historiques qui reprennent les évolutions de la société américaine fin XIXe et début XXe, de même que le monde confronté au rayonnement des sociétés occidentales. Picsou, le self-made-man (encore un méchant anglicisme) par excellence, incarne le rêve américain dans ce qu'il a de plus "primaire", aux origines véritablement, non dans la finance mais dans la recherche de l'or et dans l'aventure. Picsou c'est un pionnier avec tout ce qu'il comporte de positif... et de négatif. La dernière scène de cet ouvrage, si je me souviens bien, est totalement révélatrice de la mentalité toute en nuance de l'auteur ; en effet, Picsou est ivre de bonheur en se rendant compte qu'il est l'homme (le canard plutôt) le plus riche du monde, mais dans le même temps cette quête messianique l'a déshumanisé, il reste seul devant les membres de sa famille qui quittent son building dans la tristesse. Magnifique.

C'est donc une oeuvre à mettre entre toutes les mains, jeunes comme chenues, avec des niveaux de lecture très divers. Pour ma part je l'ai gardé au pied de mon lit des années durant, et je l'ouvre toujours avec un plaisir intact.